Des scieries sous tension, mais qui investissent

L’export concerne une part croissante du chiffre d’affaires des scieries (crédit photo: Images&Associés)
Des scieries sous tension, mais qui investissent

Nombre de scieries ont mis la clé sous la porte, ces trois dernières années en France. Malgré un contexte dégradé, des signaux d’optimisme s’esquissent pour la filière.

 

Pertes d’effectif et défaillances d’entreprises marquent les scieries ces dernières années, tandis que le secteur se modernise. C’est une tendance relevée par la Banque de France, dans une récente étude réalisée pour la Fédération nationale du bois (FNB). Le rapport décortique les données financières de plusieurs échantillons d’entreprises.

Les liquidations intervenues depuis 2012 concernent à 70 % la catégorie des « feuillus et mixte ». Nicolas Douzain, délégué général de la FNB, y voit un « effet “export des grumes” ».

Quelque 10 % des entreprises liquidées ou dissoutes depuis 2012 ont été absorbées par une autre entité. Les éventuelles créations d’entreprises n’entrent pas dans le champ de l’étude.

Hausse de productivité dans les feuillus

Dans les feuillus, la productivité augmente. Mais, les scieries étudiées voient leur effectif s’éroder, de l’ordre de 20 % en 7 ans. Leur chiffre d’affaires tend à stagner, bien que le prix du chêne ait bondi de plus de 60 % depuis 2012.

Nicolas Douzain commente :

« En 2012, le prix du chêne était trop bas pour les propriétaires et, en 2016, un peu haut ou au maximum pour le marché en termes de concurrence entre essences et matériaux. »

« Le rebond attendu dans le résineux n’a pas eu lieu »

Dans les résineux, la baisse des effectifs est moindre, estimée à 5,6 % en 7 ans. Le chiffre d’affaires croît de 6,7 % entre 2012 et 2015, sans que la valeur ajoutée ne suive ce rythme. La productivité se trouve au même niveau qu’en 2008, « malgré un haut niveau d’investissement ».

« Le rebond attendu dans le résineux n’a pas eu lieu »,

note l’étude Banque de France / FNB.

Des aides pour les scieries

Au global, la cotation Banque de France fait ressortir une proportion de vulnérabilité accrue.

Dans ce contexte, plusieurs régions prévoient des aides spécifiques pour les scieries dans le cadre du programme européen Feader 2014-2020. Il s’agit, selon le découpage des régions précédant la réforme territoriale, de Rhône-Alpes, Languedoc-Roussillon, Centre, Pays-de-la-Loire, Corse. D’autres aides existent, comme les dispositifs de soutien aux PME, à l’emploi ou à la recherche et développement (R&D).

Un niveau d’investissement élevé

Des signaux d’optimisme émergent toutefois. La filière connaît un niveau d’investissement plus élevé que dans l’industrie en général. Les scieries paraissent ainsi parées pour rebondir, en cas d’embellie de la conjoncture.

S’ajoutent un taux d’exportation en croissance et, par ailleurs, un environnement économique marqué par des permis de construire plus nombreux ces derniers mois.

Autant d’éléments nuancés, qui confirment en partie la récente étude sur les scieries du consultant Serge Lochu.

Enfin, la transmission des entreprises ressort comme un enjeu pressant. La FNB y sensibilise ses adhérents. Car, dans ces métiers, une société sur quatre se trouve aujourd’hui sans successeur.

Chrystelle Carroy/Forestopic

Reproduction interdite sans autorisation écrite préalable.