Extrait de la couverture de Forêt entreprise n° 245, paru en mars 2019
Extrait de la couverture de Forêt entreprise n° 245, paru en mars 2019

Où en sont les projets de carbone forestier?

 

La publication du label Bas-Carbone permet de valoriser le rôle des forêts dans un contexte de changement climatique, de donner une nouvelle dynamique à la gestion des forêts privées ou encore de canaliser de nouveaux financements. Comment fonctionne ce label et que peut-il apporter aux forestiers et aux entreprises qui souhaitent compenser leurs émissions de CO2 ?

Le carbone est un sujet d’avenir pour la filière forêt-bois, avec les « 5 S » :
– séquestration du CO2 par les forêts ;
– stockage du carbone dans les sols forestiers ;
– stockage du carbone dans les produits bois transformés ;
– substitution à des énergies non renouvelables ;
– substitution à des matériaux énergivores.

C’est en promouvant la chaîne de la sylviculture jusqu’à l’utilisation finale du bois, que le cercle devient vertueux. Au total, la forêt française capte actuellement 88 millions de tonnes de CO2 par an, soit environ 15 % du CO2 atmosphérique. L’utilisation du bois permet d’éviter les émissions de 42 Mt CO2 par an, alors que les émissions nationales sont de 458 Mt CO2 par an (source émissions : Citepa, 2017). Le secteur est donc un secteur d’activité majeur dans la politique d’atténuation du changement climatique.

Le carbone permet de valoriser les services forestiers, sur lesquels peuvent se greffer d’autres co-bénéfices, comme la biodiversité, la qualité de l’eau, la lutte contre les inondations ou l’érosion, qui aujourd’hui ne sont pas rémunérés, mais qui montrent leur utilité, d’autant plus avec les récentes catastrophes climatiques.

Le carbone peut établir des liens positifs entre la société civile, les entreprises et les sylviculteurs. L’image positive de la forêt est ainsi valorisée. Sa gestion vient atténuer les émissions de gaz à effet de serre (GES) ; la récolte de bois permet de continuer à stocker le carbone et même d’éviter de nouvelles émissions de carbone fossile. Il peut devenir un vecteur de communication positive sur la sylviculture.

Le carbone donne une base pour financer le renouvellement des forêts et leur adaptation au changement climatique, avec de l’argent privé, là où l’argent public se fait de plus en plus rare.

Changement climatique et forêt : concilier l’adaptation et l’atténuation

Aujourd’hui, après plusieurs projets et collaborations scientifiques, le label Bas-Carbone est validé et publié par le ministère de la Transition écologique et solidaire. Ce référentiel de quantification de la séquestration additionnelle de carbone apporte un cadre juridique et technique aux entreprises, collectivités et forestiers, pour construire des projets carbone en forêt se référant à des méthodes agréées et annexées au label. Ce label Bas-Carbone s’impose comme la seule référence.

Le projet Voluntary carbon land certification (Vocal) ou certification carbone volontaire a permis au Cente national de la propriété forestière (CNPF), avec I4CE, soit l’Institute for Climate Economics, et le groupement d’intérêt public GIP Massif central, de concevoir et valider les méthodes de calcul du stockage du carbone en forêt et dans les produits forestiers, et  aussi d’expérimenter sur le terrain, en vraie grandeur, l’ingénierie des projets carbone forestiers. La Poste reste un partenaire « industriel » du CNPF, qui investit en forêt en sus de la compensation volontaire de ses émissions de GES. Des entreprises se disent intéressées par la compensation volontaire en forêt, avec les garanties qu’offre le label.

L’enjeu pour les forestiers est de concilier l’adaptation au changement climatique et l’atténuation de celui-ci. La prise en compte du carbone aide à construire une ingénierie sur la base de quelques principes :
récolter du bois d’œuvre prolonge le stockage du carbone dans le bois et évite des émissions de carbone fossile ;
nouer des contractualisations entre entreprises et forestiers favorise la gestion et le renouvellement de la forêt, en aidant les sylviculteurs, en vue d’adapter les essences et la sylviculture aux changements qui s’annoncent, et ainsi accroître le stockage en forêt ;
mettre au point des sylvicultures qui réduisent les risques et les impacts sur les écosystèmes ;
– développer le concept de sylviculture de précision, avec des outils de diagnostics efficients.

La compensation carbone volontaire est un mécanisme de financement par lequel une entreprise, après avoir réduit ses gaz à effet de serre (GES), compense une quantité de GES non réductibles par la séquestration d’une quantité équivalente en un autre lieu (crédit de l’illustration: CNPF-IDF)
La compensation carbone volontaire est un mécanisme de financement par lequel une entreprise, après avoir réduit ses gaz à effet de serre (GES), compense une quantité de GES non réductibles par la séquestration d’une quantité équivalente en un autre lieu (crédit de l’illustration: CNPF-IDF)

Trois attentes à l’égard du carbone forestier

Le CNPF se veut pionnier dans la réalisation de projets carbone forestiers. Il déploie son expertise en réponse à trois attentes :
– faire connaître le rôle des forêts dans l’atténuation du changement climatique ;
– proposer des projets carbone à des entreprises engagées dans une démarche de développement durable ou de responsabilité sociétale des entreprises (RSE) ;
– permettre à des propriétaires de concrétiser des projets forestiers qui n’auraient pas vu le jour sans l’apport de ces financements innovants.

Dans son n° 245 « Le carbone forestier au cœur de notre société », Forêt-entreprise, avec une version augmentée (80 pages), actualise les données sur le sujet : compensation carbone des entreprises, label Bas-Carbone du ministère de la Transition écologique et solidaire, résultats de travaux scientifiques sur l’évolution des stocks de carbone avec le changement climatique, le carbone des sols… Cette publication est coordonnée par Simon Martel et Olivier Gleizes, ingénieurs forestiers au CNPF.

Ce numéro de la revue Forêt-entreprise présente les résultats de différents programmes : l’évolution des stocks de carbone sous climat changeant (Simon Martel et Denis Loustau, INRA), l’impact de la gestion forestière et les recommandations sur le carbone des sols (Lauric Cécillon, Irstea), les outils pour estimer les stocks de carbone (Lucie Rupil du Life Forest CO2) et l’évolution du carbone des sols du réseau Renecofor de l’Office national des forêts (Mathieu Jonard).
L’article de Julia Grimault d’I4CE explique le référentiel du label Bas-Carbone, qui permet aux entreprises, collectivités et établissements publics de compenser leurs émissions de CO2 dans les forêts de France.

Le CNPF vous entraîne dans une immersion dans ses projets carbone réalisés avec plusieurs entreprises (Groupe La Poste, Amaury Sport Organisation, banques…), avec des témoignages de propriétaires et une enquête sociologique sur les attentes des forestiers et des entreprises et collectivités.

Forêt-entreprise n° 245 propose des témoignages de propriétaires et d’experts, dont Arnaud Sergent (chercheur à l’Irstea), Laure Mandaron (directrice du développement durable au Groupe La Poste), Hervé Le Bouler (responsable forêt à France Nature Environnement – FNE), Dimitar Nikov et Aude Charrier (ministère de la Transition écologique et solidaire) et Jérôme Mousset (Ademe).

Un cadre pour certifier les actions en forêt en faveur du climat

Le carbone forestier est très en vogue. Mais, toute opération menée en forêt n’est pas forcément vertueuse pour la capture de CO2. Les méthodes du label Bas-Carbone vont apporter un cadre sur l’éligibilité des opérations forestières et sur les méthodes de calcul. La publication de ce référentiel étatique, une première en France, permet de certifier des actions en forêt en faveur du climat.

Par Olivier Gleizes et Simon Martel, CNPF-IDF



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Rubrique humoristique et satirique de la forêt et du bois


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