Sous-face du plancher bois « Lignadal »
Sous-face du plancher bois « Lignadal » (crédit photo: Archipente)

Construire en bois local: un acte militant?

 

L’acte de construire et d’innover est possible pour tous. Archipente s’est associé à Lignalithe, à la scierie Forge-Mahussier et au charpentier Lignatech pour développer des techniques reproductibles.

Notre objectif, faire nôtre la citation de Julius Natterer : « Redonner aux forêts le rôle économique garant de leur entretien. »

Valoriser la forêt de pays permet de développer l'économie locale , tout en œuvrant pour la protection de la planète. En effet, il est impératif de consommer le bois de nos forêts, le prélèvement actuel en France étant inférieur à l’accroissement naturel, et éviter ainsi que « la forêt ne fasse de la graisse ». On fait ainsi travailler tous les corps de métiers, de l’exploitant forestier aux scieries locales, plutôt que d’importer le bois et participer au déséquilibre de la balance commerciale.

Archipente, atelier d’architecture implanté à Montbrison (Loire) et à Paris, et Lignalithe, bureau d’études structure bois associé, sont impliqués au sein d’IFB42, interprofession départementale de la filière bois (Loire). Dans ce cadre, ils travaillent de concert avec la scierie Forge-Mahussier à Saint-Haon-le-Vieux (dans la Loire également). Elle leur a fait découvrir le monde de la scierie et la problématique de valorisation de l’ensemble de la grume.

Valoriser du bois d’emballage et de coffrage en construction


Plancher collaborant bois-béton

Une première réflexion a été menée concernant les demi-bastaings de rives qui ont été valorisés pour créer une dalle massive, avec un profilage permettant la connexion avec une dalle de compression en béton apportant inertie et isolation acoustique. Ce complexe a donné le plancher collaborant bois-béton « Lignadal ». La prédalle bois se constitue de planches rabotées et séchées de 43 mm d’épaisseur et de 90 à 220 mm de hauteur, clouées et décalées entre elles.

Mur en panneau en bois massif, isolant en fibre de bois

Défi suivant : valoriser les planches habituellement réservées à l’emballage et au coffrage, mais dont la demande est fortement en baisse. Priorité est donnée à une technique « artisanale » sans grands investissements, reproductible dans les pays du Sud. D’où la mise en œuvre d’un mur en panneau en bois massif « Lignapli », à base de planches calibrées, croisées et clouées. Trois plis suffisent à reprendre les efforts verticaux, une nervure jouant le rôle de raidisseur au flambement et rationalisant la matière première, contrairement au bois lamellé croisé (CLT) classique qui consomme trop de bois (et de colle !).

Ces murs permettent de mettre en oeuvre 26 cm d’isolant à base de fibre de bois dont l’usine de fabrication Isonat (groupe Saint-Gobain), située dans un rayon de 30 km, récupère les copeaux de la scierie et les transforme en isolant. Cette composition permet d’atteindre la certification « construction passive ».

Paroi « Lignapli » comprenant du bois massif et de l’isolation en fibre de bois (crédit photo: Archipente)
Paroi « Lignapli » comprenant du bois massif et de l’isolation en fibre de bois (crédit photo: Archipente)

Ces deux techniques font l’objet d’Avis technique, montrant que cette formalité peut être réalisée par de petites structures et que l’innovation dans l’acte de construire est accessible à tous.

Tests grandeur nature avec Lignatech

Suite au développement de ces produits, une petite entreprise de charpente de trois personnes s’est créée en 2010, Lignatech, dont le premier projet a été la réalisation de la Maison des aînés à Montbrison. Ces deux procédés y ont été testés en vraie grandeur, en habitat intermédiaire et intergénérationnel. Cette entreprise, implantée non loin de la scierie Forge-Mahussier qui fournit les bois, rassemble aujourd’hui 17 collaborateurs, et réalise essentiellement des maisons passives. Autant d’emplois et de ressources non délocalisables.

Dominique Molard, architecte au sein d’Archipente

Ce retour d’expérience fait l’objet d’une présentation par Dominique Molard lors du Forum bois construction, qui se tient à Épinal et Nancy du 5 au 7 avril 2017.