Sapinière en forêt de Grande Chartreuse
Sapinière en forêt de Grande Chartreuse (crédit photo: Cofor 38)

Des pistes pour valoriser les gros bois des forêts d’Auvergne-Rhône-Alpes

Face à la difficulté de commercialiser les gros bois de sapin en Auvergne-Rhône-Alpes, un colloque sur le thème de leur valorisation s’est tenu récemment à Saint-Pierre-de-Chartreuse (Isère) dans le cadre de la 15e Fête de la forêt de montagne. Plusieurs propositions et pistes de réflexions ont été avancées. 

L’Auvergne-Rhône-Alpes est la première région forestière française en volume de bois sur pied avec 468 millions de mètres cubes. Presque 20 % de ces volumes sont des bois de sapin et 6 % des gros bois ou très gros bois de sapin, d’un diamètre supérieur à 47,5 cm, selon l’observatoire de l’interprofession Fibra.

Pas d’unanimité chez les scieries ni dans la construction

Très présente au sein des peuplements forestiers régionaux, l’essence de sapin et plus particulièrement les gros bois, ne font pourtant pas l’unanimité chez les principaux acheteurs, les scieurs, pour plusieurs raisons :
un temps de séchage rallongé et une sensibilité accrue aux déformations lors de ce processus ;
des dimensions hors standards exigeant des équipements spécifiques coûteux pour leur transformation ;
– une qualité moindre avec des bois présentant plus de nœuds : 46 % des gros bois sont déclassés en palettes, contre 25 % pour des dimensions standard.

Par ailleurs, le marché du bois construction actuel s’avère exigeant sur l’homogénéité visuelle du produit fini. Et il tend vers une demande en bois technique, issu de bois de moyennes sections, au détriment du bois massif.

L’urgence de valoriser les gros bois

La ressource reste cependant présente et nécessite d’être sortie de la forêt pour en assurer le renouvellement. Comment limiter l’offre de gros bois sur le marché, tout en générant de l’attractivité pour les acteurs de l’aval de la filière forêt-bois ?

D’un point de vue sylvicole, il paraît urgent de décapitaliser les gros bois, afin de permettre le développement des jeunes tiges – cela se traduit par l’amélioration de l’accessibilité en forêt et la recherche de nouveaux moyens de débardage.

Lignes de sciage, débouchés, bois local

Côté première transformation, des pistes intéressantes ressortent :
– appuyer techniquement et financièrement la diffusion de lignes de sciage spéciales pour les gros bois ;
– continuer les travaux de recherche sur le séchage du sapin ;
– trouver des nouveaux débouchés, tels que la production de contreplaqué de sapin.

Il s’agit également de combattre le déficit de la notoriété du sapin dans les constructions. D’une part en appuyant les initiatives visant à la promotion du patrimoine local (AOC Bois de Chartreuse, projet « Sapin Blanc » dans la Loire…) et d’autre part en sensibilisant les bureaux d’études sur l’intérêt d’adapter chaque essence au chantier. Les produits de sapin dont l’aspect visuel dérange peuvent en effet être utilisés en bois de structure (ossature, platelage de toiture…).

Une nécessaire mobilisation multi-acteur

Les pistes de travail concernent tous les acteurs de la filière, du gestionnaire forestier au client final. C’est dans cette logique de travail partenarial qu’un équilibre pourra être trouvé, à l’instar d’autres produits bois souffrant d’un déficit d’image tel le hêtre dont les travaux menés pour sa valorisation sont le fruit d’une mobilisation multi-acteur.

Clara Rougier (Association des communes forestières de l’Isère)