Forêt-bois: Reforest’action, REI, Maisons du Monde, ces entreprises et d’autres mettent les pieds dans le débat

De gauche à droite: Stéphane Hallaire, président de Reforest’Action, Fabienne Morgaut, directrice générale de la Fondation Maisons du Monde, Paul Jarquin, président de REI
De gauche à droite: Stéphane Hallaire, président de Reforest’Action, Fabienne Morgaut, directrice générale de la Fondation Maisons du Monde, Paul Jarquin, président de REI (crédit photos: Reforest’Action, Maisons du Monde, REI)
Forêt-bois: Reforest’action, REI, Maisons du Monde, ces entreprises et d’autres mettent les pieds dans le débat

La filière forêt-bois avance et elle le fait avec la société. Des initiatives bourgeonnent pour impliquer le grand public dans les questionnements, les débats, voire dans une co-construction.

 

Sortir de l’entre-soi, réveiller le débat et porter une vision participative de la forêt et du bois. C’est ce que tendent à faire les entreprises Reforest’Action, REI, Maisons du Monde, chacune dans leur segment d’activité, respectivement la plantation d’arbres financée par des particuliers ou des organisations, la promotion immobilière axée sur la construction bois, l’ameublement.

« Mettre la forêt dans le quotidien du grand public »

Reforest’Action s’apprête à organiser, en mars 2019, son premier « Mois de la forêt ». Il comprend des instants numériques en vidéos où des personnalités s’expriment sur la forêt. Doivent ainsi prendre la parole Laury Thilleman, animatrice de télévision et ancienne Miss France, ou Patrick Baud, créateur du blog Axolot consacré à des « sources d’étonnement ».

Dans la première de ces vidéos, Alexandre Lacroix, écrivain et directeur de la rédaction de Philosophie Magazine, se confie sur ce qu’il cherche et trouve en forêt, « un lieu un peu occulte » et propice à la « désorientation », et il relève l’urgence qu’il y a, selon lui, à maintenir le lien entre les humains et la nature.

Stéphane Hallaire, dirigeant-fondateur de Reforest’Action, présente la démarche :

« Nous souhaitons mettre la forêt dans le quotidien des gens, du grand public. Ensuite, à chacun de se forger sa propre opinion. »

Ce « Mois de la forêt », qui s’allie un panel de partenaires*, comporte des rendez-vous physiques. Dont une conférence à Paris « Comprendre, s’émouvoir et agir pour les forêts », le 11 mars, en présence de Pénélope Komitès, adjointe à la maire de Paris chargée des espaces verts et de la nature en ville, du climatologue Jean Jouzel, du botaniste Francis Hallé.

Une « forêt urbaine » à Paris
La forêt au quotidien peut s’incarner jusque dans la ville. Reforest’Action compte planter, le 23 mars à Paris, une « forêt urbaine », en lien avec les services des espaces verts de la ville. Il s’agit d’« une plantation dense de trois arbres au mètre carré, d’une vingtaine d’essences différentes, avec le recours au paillage, visant un taux de croissance des arbres élevé », précise Stéphane Hallaire, de Reforest’Action. L’opération s’inspire de la méthode d’Akira Miyawaki, mise en œuvre en Asie et qui a, par exemple, montré des résultats satisfaisants en milieu méditerranéen, selon des travaux de l’université italienne de Tuscia et l’Organisation onusienne pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), présentés en 2011 dans la revue Landscape and Ecological Engineering.

« Casser les silos, nous constituer en écosystème »

L’évènement n’est pas sans rappeler l’esprit d’« Aux Arbres ! », une manifestation qui s’est tenue à Nantes en juin 2018, à l’initiative de la Fondation Maisons du Monde. En 2 jours, Aux Arbres ! a enregistré quelque 150 intervenants et 5 000 visiteurs. À l’occasion de son lancement, Fabienne Morgaut, directrice de la fondation et en charge de la responsabilité environnementale et sociétale (RSE) à Maisons du Monde, a déclaré :

« Nous avons tous des images d’Épinal de la forêt. Aux arbres !, c’est la démonstration que pour agir à grande échelle, il faut casser les silos, unir nos forces et coopérer. Parler d’un écosystème, c’est d’abord nous constituer en écosystème. »

« Mettre la forêt au milieu de la société », c’est également le propos de la Fondation Fransylva, via le soutien à des projets concrets. Dans un autre style, la « Marche pour la forêt » a fait converger, à l’été 2018, des syndicats de personnels de l’Office national des forêts (ONF) et des membres de la société civile. Quand ce n’est pas la maison de couture Chanel dont le défilé d’inspiration forestière a suscité, peut-être malgré lui, un débat sur les coupes d’arbres.

« Entrer dans l’émotionnel »

L’écosystème tient aussi du débat entre professionnels et parties prenantes. REI a organisé le « Printemps du bois » en 2018, destiné aux architectes, bureaux d’études, scieurs et autres professionnels de la forêt. Le promoteur immobilier a réuni quelque 150 participants autour d’un remue-méninges et d’une mise en réseau, consacrés à la construction en bois français, à la traçabilité du matériau, aux façons de s’adresser au grand public sur les enjeux de la forêt et du bois.

Paul Jarquin, dirigeant de REI, ne s’interdit pas renouveler l’expérience. Au sujet des liens entre forêt, bois et société, il commente aujourd’hui :

« Le schéma du cycle du carbone n’est pas compréhensible par tous. Il nous faut entrer dans l’émotionnel, dans le spirituel. »

Reforest’Action, de son côté, a synthétisé 150 documents, notamment scientifiques et techniques, le tout restitué dans un récent document, Notre avenir s’appelle forêt. « Cette étude nous permet de construire notre vision de la forêt et elle peut contribuer aux réflexions sur la forêt française », assure Stéphane Hallaire. Il en ressort un « socle commun de multifonctionnalité », basé sur la diversité des essences d’arbres qui, ensemble, présentent « la meilleure combinaison de résistance aux aléas et au réchauffement », ainsi que sur le maintien d’habitats de biodiversité ou encore sur la préservation du CO2 des sols.

« Un arbre qui tombe, c’est une action pour le climat »

Les approches participatives, mâtinées d’une pincée de marketing, peuvent aller jusqu’à la co-construction. Les chercheurs aussi s’y mettent, comme dans le projet « Des hommes et des arbres » ou dans CiTique qui invite à signaler les piqûres de tiques.

REI, déjà adepte des ateliers participatifs de réutilisation des chutes de bois, compte aller plus loin. « Un arbre qui tombe pour la construction bois, c’est une action pour le climat », estime Paul Jarquin – en présence de gestion durable des forêts. Il entend organiser, au cours de ses prochains projets d’immeubles, des sessions où les futurs acquéreurs viennent en forêt couper du bois.

Chrystelle Carroy/Forestopic

* Le « Mois de la forêt » de Reforest’Action affiche, parmi ses soutiens, la ville de Paris, France Nature Environnement (FNE), la fédération de syndicats de propriétaires forestiers privés Fransylva, PEFC, le Réseau français des étudiants pour le développement durable (Refedd), l’enseigne de bricolage Leroy Merlin, le spécialiste de la palette bois PGS, le Crédit agricole Assurances, le fournisseur d’électricité renouvelable Mint Energie, l’éditeur Delachaux et Niestlé.

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