Quand la complexité de la forêt s’apprend sur le terrain (crédit photo: Pascal Charoy)
Quand la complexité de la forêt s’apprend sur le terrain (crédit photo: Pascal Charoy)

Forêt et société, le nécessaire dialogue

 

En cette année 2020, les citoyens en manque de nature manifestent un engouement inédit pour les forêts. Un espace de respiration et de loisirs, mais pas seulement ! Dans son numéro d’octobre, Forêts de France ouvre des pistes pour établir un équilibre harmonieux entre la forêt, ses usagers et ceux qui y travaillent.

Parmi le grand public, nos forêts sont attendues pour leurs capacités à atténuer le changement climatique, à constituer un sanctuaire de biodiversité et à protéger notre santé. Cette opinion, qui a émergé lors d’une consultation de 28 000 citoyens européens en 2015, montre que les services environnementaux rendus par les forêts européennes sont primordiaux pour le public. Et cette vision reflète une tendance à considérer la forêt comme un espace naturel autonome, déconnecté de l’activité humaine. En effet, 63 % des Européens (et 61 % des Français) donnent la priorité à son rôle d’« habitat naturel des animaux ».

Les fonctions traditionnelles de production de ressources apparaissent dès lors comme secondaires. Ils ne sont que 24 % (29 % des Français) à considérer le bois énergie comme un service forestier important, avant le bois d’œuvre et d’industrie. Les fonctions de loisirs et d’emplois territoriaux sont quant à elles presque oubliées : elles remportent respectivement 20 % et 16 % des suffrages européens.

Un concert d’opinions sur la forêt. Et le forestier ?

En France aussi, les citoyens s’emparent des questions environnementales et inscrivent les forêts au cœur du débat politique. Élus et partis politiques doivent composer avec ces attentes pour proposer un regard neuf sur la forêt. Ces exigences dessinent une opportunité de relance économique « verte », autour d’une forêt multifonctionnelle. En juin 2020, 140 députés et sénateurs issus de la majorité présidentielle appelaient à un nouveau souffle pour la filière forêt-bois. Celle-ci doit pouvoir répondre à des attentes environnementales, économiques et sociétales fortes.

Quel rôle le forestier peut-il jouer dans ce concert d’opinions ? Dans son numéro d’octobre 2020, Forêts de France invite les propriétaires à écouter la société et à participer au débat. La revue publie un long échange entre Antoine d’Amécourt, président de Fransylva, et Hervé Le Bouler, le « monsieur forêt » de France Nature Environnement (FNE). Il en ressort d’évidentes connexions entre forêt et société, pour peu que soit partagé un minimum de connaissances sur la forêt multifonctionnelle.

Multifonctionnalité : des services écosystémiques dans la facture d’eau

Forêts de France présente aussi les moyens de reconnecter les citoyens avec le travail en forêt : les circuits courts, la mise en valeur du bois d’origine France, le travail des sylviculteurs en faveur de la biodiversité et de la multifonctionnalité. Un travail demain rémunéré ?

Meriem Fournier, présidente de l’Inrae Nancy, observe l’apparition de nouveaux modèles : des communes dans le Grand Est ont choisi de reporter, sur la facture d’eau, le service de purification rendu par les forêts voisines. La contribution finance l’entretien de parcelles locales. Ces nouveaux modèles devront s’imposer d’urgence. « Le changement climatique pourra agir comme un catalyseur. Plus que jamais, les dépérissements sur les espèces importées et natives incitent les forestiers à se concerter dans la recherche d’une solution collective pour que les forêts continuent de nous rendre leurs services écosystémiques », souligne la scientifique.

Pascal Charoy (Forêts de France)

* Eurobaromètre de la Politique agricole commune.



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Rubrique humoristique et satirique de la forêt et du bois


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