En recul sur la planète, la biodiversité souffre des activités humaines et du changement climatique. En France, la forêt abrite une grande réserve de diversité biologique, qui résiste bien à l’érosion, constate Forêts de France dans son numéro de novembre 2019.
La communauté scientifique est unanime : la dégradation des écosystèmes connaît au niveau mondial une forte accélération. Selon le rapport Planète vivante 2018 du WWF, les populations sauvages de vertébrés – poissons, oiseaux, mammifères, amphibiens et reptiles – ont chuté de 60 %, en moins de 50 ans. En France, deux chiffres sont à retenir : selon l’Observatoire national de la biodiversité, 26 % des espèces évaluées sont considérées comme éteintes ou menacées et seulement 22 % des habitats d’intérêt communautaire (définis au niveau européen dans le cadre de Natura 2000) sont dans un état de conservation favorable.
Dans ce contexte délicat, la forêt apparaît comme le dernier grand réservoir de biodiversité terrestre. C’est en forêt que les oiseaux spécialistes résistent le mieux (-3 %), contrairement aux milieux agricoles (-33 %) et aux milieux bâtis (-30 %). Ces oiseaux sont considérés comme de bons marqueurs des pressions exercées sur les milieux.
Un nouvel outil d’évaluation en gestation
La forêt joue un rôle essentiel dans la préservation de la vie sous toutes ses formes. On peut d’ailleurs regretter qu’elle soit si peu mise en valeur dans la dernière édition des chiffres clés de la biodiversité, publiée par le ministère de la Transition écologique et solidaire.
L’observation de la biodiversité forestière reste partielle en France et des chercheurs appellent de leurs vœux un suivi national taxinomique direct. Cet outil d’évaluation est en gestation sous la houlette du Gip Ecofor, qui organise la recherche et développement autour des écosystèmes forestiers, et de l’association France Nature Environnement (FNE). Il suscitera des inventaires spécifiques et coordonnera les informations en provenance de la dizaine de réseaux qui évaluent déjà les écosystèmes forestiers. Un séminaire organisé le 3 décembre 2019 au ministère de l’Agriculture en dessinera les contours.
Le forestier, acteur de la biodiversité
Dans son numéro de novembre, Forêts de France s’intéresse au rôle du forestier dans la préservation de la biodiversité. Par ses pratiques, le forestier influe sur la biodiversité et, à de rares exceptions près, son travail lui est favorable. De nombreux propriétaires impliqués dans une gestion sylvicole agissent avec bon sens. Difficile en effet de ne pas protéger la nature et ses occupants lorsque l’on aime la forêt.
Le propriétaire est attentif à ce que l’exploitation de son bois par des engins mécanisés ne soit pas source de pollution ou de dégradation. Comme il mesure tout l’intérêt de conserver dans sa forêt des arbres sénescents dont les cavités servent d’abri aux oiseaux. Un bon niveau de biodiversité indique une forêt en bon état de marche et favorise la production de bois de qualité.
Les critères de gestion durable sont par ailleurs étroitement associés au maintien de la biodiversité. Au-delà de 25 hectares, le propriétaire a l’obligation de rédiger un plan simple de gestion (PSG) en lien avec son centre régional de la propriété forestière (CRPF). Ce PSG a valeur de document de gestion durable et rejoint les objectifs des marques de certification forestière PEFC et FSC qui promeuvent de bonnes pratiques. Forêts de France a rencontré des gestionnaires et des propriétaires qui agissent au quotidien en faveur de la biodiversité.
Pascal Charoy (Forêts de France)