De gauche à droite : le chercheur Francis Colin présente des échantillons de nœuds d’épicéa riches en extractibles ; extractibles de sapin obtenus au laboratoire de chimie du Lermab ; billon de douglas arrivé à l’Inrae pour étudier le volume et la densité des nœuds, de l’écorce et du bois (crédit photo: ExtraForEst)
De gauche à droite : le chercheur Francis Colin présente des échantillons de nœuds d’épicéa riches en extractibles ; extractibles de sapin obtenus au laboratoire de chimie du Lermab ; billon de douglas arrivé à l’Inrae pour étudier le volume et la densité des nœuds, de l’écorce et du bois (crédit photo: ExtraForEst)

ExtraForEst: la recherche sur le bois au service d’une industrie chimique plus «verte»

 

Les dernières avancées scientifiques d’ExtraForEst et les récents échanges au sein de ce programme confirment la volonté des acteurs de la filière forêt-bois, élus locaux ou encore chimistes industriels de faire progresser la chimie du bois.

Un long chemin a été parcouru depuis 2017, année où le programme de recherche ExtraForEst a été nommé lauréat de l’appel à projets « Innovation et investissements pour l’amont forestier », lancé par le ministère de l’Agriculture de l’Agroalimentaire et de la Forêt.

ExtraForEst n’est pas un programme de recherche classique : il a pour ambition de faire émerger une filière de la chimie du bois. Ses membres se sont fixé comme objectif de communiquer les résultats de leurs travaux au fur et à mesure, car le projet se veut inclusif. Ils souhaitent provoquer des interactions avec les acteurs de la filière.

Tout l’enjeu consiste à créer des ponts entre les découvertes des laboratoires et les attentes du terrain pour amorcer un début de filière. Dans ce but, ExtraForEst organise des réunions publiques tous les semestres pour diffuser ses résultats et a créé un comité consultatif constitué de personnalités diverses et complémentaires. Ce comité procure un regard extérieur sur la façon dont il faut configurer les recherches.

Si ce programme est tourné vers l’extérieur, c’est parce qu’il répond à une attente sociale forte, motivée par des impératifs économiques et environnementaux.

Économiques d’abord, car ExtraForEst a pour vocation de permettre l’arrivée de nouveaux produits sur le marché. Environnementaux aussi, car le programme veut faciliter le recours à du biosourcé dans la chimie.

Pour mieux comprendre cet enjeu sociétal à l’origine de la démarche d’ExtraForEst, découvrez ci-contre le témoignage de Valia Varnitzky de Champeaux, membre de notre comité consultatif, chimiste et ancienne directrice commerciale de Nexira.

Francis Colin, coordinateur ExtraForEst

Valia Varnitzky de Champeaux : « La filière forêt-bois a besoin de ce rapprochement entre différents acteurs »
Chimiste, Valia Varnitzky de Champeaux est la fondatrice de la start-up Vertango qui ambitionne d’être active à court terme dans le négoce de matières premières et de spécialités végétales pour les arômes, les boissons et les parfums, voire d’opérer l’extraction industrielle de certains composants choisis du bois.
Vous avez travaillé dans l’extraction végétale et la commercialisation de matières premières naturelles, quelles opportunités identifiez-vous pour les extractibles* et la chimie du bois ?
Il y a une tendance de fond dans l’alimentaire, la cosmétique, les compléments alimentaires, etc. : les consommateurs réclament des produits avec une origine maîtrisée. Ils veulent savoir d’où viennent les produits et comment on les obtient. Ils réclament un nouveau storytelling racontant l’origine et toutes les étapes de fabrication du produit final. Le bois est une industrie propre qui répond à ces exigences et elle s’appuie notamment sur l’écocertification.
Il semble que le bio ne suffit plus au consommateur, qu’il faut « être » végétal, avez-vous une analyse là-dessus ?
La tendance « plant-based » se confirme en effet. Les consommateurs veulent de moins en moins de produits d’origine animale et se tournent de plus en plus vers le véganisme. Des molécules issues du bois sont une réponse à cette exigence. Reste malgré tout à savoir comment sont extraites les molécules. Il y a des process plus écologiques que d’autres. Certaines applications requièrent une extraction avec des solvants assez nocifs, alors que d’autres se font avec de l’eau.
Quelle est votre vision pour la filière chimie-bois de demain ?
Une filière, par définition, demande à ce que tous les maillons de la chaîne soient organisés et fonctionnels : des forestiers, gestionnaires, bûcherons, des scieries, des industriels et des chimistes. L’intérêt d’ExtraForEst réside dans sa capacité à réunir des acteurs placés à différents endroits de la filière pour échanger. La filière a besoin de ce rapprochement entre ceux qui analysent la ressource et ceux qui sont capables de trouver ou de créer des débouchés viables.

* Extractibles : composés chimiques du bois, à l’origine des propriétés spécifiques d’un bois, telles que couleur, odeur, durabilité biologique, pérennité de la couleur…



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Grivoiseries
Rubrique humoristique et satirique de la forêt et du bois


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