Pépinières Naudet ouvre un «laboratoire à ciel ouvert» pour l’agroforesterie

Inauguration du pôle agroforestier de Pépinières Naudet. De gauche à droite: Isabelle Jounot, Frédéric Naudet, Vincent Naudet, Martin Naudet, Pierre Naudet, Thierry Quennesson
Inauguration du pôle agroforestier de Pépinières Naudet. De gauche à droite: Isabelle Jounot, Frédéric Naudet, Vincent Naudet, Martin Naudet, Pierre Naudet, Thierry Quennesson (crédit photo: CC/Forestopic)
Pépinières Naudet ouvre un «laboratoire à ciel ouvert» pour l’agroforesterie

Le nouveau pôle agroforestier de Pépinières Naudet expose, en grandeur nature, la diversité des systèmes agroforestiers. Il vise aussi à produire des données sur les relations entre les arbres et les cultures agricoles.

 

Pépinières Naudet vient d’inaugurer un pôle d’agroforesterie. Ce « laboratoire à ciel ouvert », selon l’expression de Thierry Quennesson, directeur de Naudet Reboisement, a nécessité un investissement de 220 000 euros.

Ce sont neuf sites, situés dans les communes de Leuglay (où se trouve le siège social du pépiniériste) et de Voulaines-les-Templiers, en Côte-d’Or, au sein du nouveau parc national de forêts. Le pôle s’érige sur 50 hectares de terres agricoles converties en « bio » depuis 2019. Il comprend 5 km de haies et de 5 km d’alignements d’arbres intraparcellaires (où les arbres sont à l’intérieur des parcelles), plantés à l’automne 2019 et au printemps 2020. Au total, près de 22 000 arbres et arbustes sont en train de pousser, tels que noyer, noisetier, pommier, poirier, cerisier, charme, cormier, merisier, alisier, robinier ou cèdre.

Suivi économique et environnemental

De quoi jauger de l’intérêt environnemental et économique de l’agroforesterie. Une démarche dont le coût de départ s’évalue à 10 euros le mètre linéaire incluant le travail du sol, la fourniture et la mise en place des plants, contre 20 euros pour un arbre isolé.

Le pôle expose une variété de systèmes agroforestiers, tels que haie brise-vent, verger, haie truffière, arbres têtards. Il comprend une « mini-forêt » dense, avec trois plants au mètre carré, conçue selon la méthode Miyawaki ; elle est susceptible d’inspirer des collectivités souhaitant créer de tels espaces arborés, pour en faire des îlots de fraîcheur en zone urbaine ou des murs végétaux freinant la propagation du bruit et des poussières.

Un comité technique s’adjoint au projet. Il se constitue d’écologues, d’agronomes partenaires, sous un copilotage de Pépinières Naudet et du département de la Côte-d’Or. Avec, au programme, diagnostics et suivis de l’avifaune (oiseaux communs), de la flore, des insectes auxiliaires de culture, des chiroptères (chauves-souris…), de la vie microbienne des sols ou encore du rendement des cultures. Le tout pourrait se compléter d’un suivi du carbone.

Une démarche « probablement unique en France »

Le conseil départemental de Côte-d’Or entend contribuer au suivi de ce qui est « une vitrine des possibles » aux yeux de Clément Huebra, chargé de mission au sein de la collectivité. Il s’intéresse aussi, à terme, à la diffusion des données pouvant servir à sensibiliser les agriculteurs sur le sujet.

Une dizaine de partenaires* ont apporté des financements, des prestations ou du matériel. Le pôle agroforestier a notamment bénéficié d’une aide 20 000 euros du département pour la plantation de haies et de 26 450 euros de la région.

Marie-Guite Dufay, présidente de la région Bourgogne-Franche-Comté, se félicite :

« C’est une démarche de démonstration probablement unique en France. »

Selon Clément Huebra, l’agroforesterie mérite de se développer dans le département. Pour « apporter de la matière organique et ainsi mieux structurer des sols à bout de souffle dans le contexte du changement climatique, limiter les effets du vent qui peut notamment dessécher les cultures, créer des perchoirs naturels pour les rapaces qui mangent les rongeurs ». L’agroforesterie peut aussi apporter une diversification de revenus aux agriculteurs, via la production de bois d’œuvre, d’arbres fruitiers ou truffiers.

Des réflexions avec les coopératives d’utilisation de matériel agricole (Cuma) portent sur la valorisation des haies et la massification des coupes de bois.

Conception et réalisation des chantiers agroforestiers

Pour Pépinières Naudet, c’est l’occasion de développer des références en grandeur nature. C’est aussi une diversification, qui fait appel aux plants déjà commercialisés dans sa gamme avec, à la clé, des prestations allant de la conception à la réalisation et au suivi de chantiers agroforestiers. À son savoir-faire de planteur, s’ajoutent de nouvelles compétences, autour du choix du paillage, des temps de réalisation et d’entretien.

Pour l’occasion, Pépinières Naudet a recruté Isabelle Jounot. Après s’être consacrée à la création du parc national de forêts, elle est à présent ingénieur conseil en agroforesterie.

Dans les 2 ans, le pépiniériste envisage de se doter d’un bâtiment de formation à l’agroforesterie.

C. C./Forestopic

* Dijon Céréales, Naturalis, Bonar, Faguo, Pur Projet, Tree Nation, Novagreen, Phormium, Geochanvre F, Sotextho.

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