Migration assistée: les sapins pectinés du Jura se marient avec ceux du Sud pour s’armer face au changement climatique

Plant de sapin pectiné en forêt de Levier, mis en terre il y a 3 ans dans le cadre du projet Giono (crédit photo: CC/Forestopic)
Plant de sapin pectiné en forêt de Levier, mis en terre il y a 3 ans dans le cadre du projet Giono (crédit photo: CC/Forestopic)
Migration assistée: les sapins pectinés du Jura se marient avec ceux du Sud pour s’armer face au changement climatique

L’Office national des forêts (ONF) poursuit ses expérimentations de migration assistée des espèces d’arbres, en vue de faciliter l’adaptation des forêts au changement climatique.

 

Au sein de la forêt domaniale de Levier, dans le Doubs (Bourgogne-Franche-Comté), 4 200 plants de sapin pectiné se répartissent en deux parcelles. Venus du sud de la France et implantés dans le massif du Jura, les sapins portent une double mission, toutes deux liées au changement climatique, d’une part, préserver les provenances d’arbres du Sud et, d’autre part, aider les sapins pectinés du Jura à s’adapter à la sécheresse qui pourrait survenir demain.

Didier François, chargé de recherche au pôle recherche-développement-innovation ONF de Dole (Jura), détaille :

« Il existe des peuplements dans le sud de la France qui sont en péril, du fait de fortes sécheresses. Nous travaillons à les préserver en des unités conservatoires, et à les renouveler dans des zones susceptibles de connaître dans 50 ans le même climat que dans leur région d’origine, c’est ce que nous faisons ici. Il s’agit à la fois de préserver ces unités conservatoires et d’opérer un brassage génétique, en espérant que les gènes adaptés à des conditions de sécheresse puissent se brasser dans la sapinière jurassienne. »

Les sapins pectinés plantés en forêt de Levier proviennent de quatre unités conservatoires, celles de Corbières-Rialsesse, des Fanges, de Saint-Lary (Occitanie) et de Beaumont-du-Ventoux (Provence-Alpes-Côte d’Azur). S’ajoute une cinquième provenance, locale, jurassienne, celle de La Joux, afin que le sapin du Jura joue le rôle de témoin. L’étiquetage de chaque plant doit garantir une traçabilité.

C’est une nouvelle phase du projet Giono, lancé en 2011. Dans ce cadre, des graines de chêne ou de hêtre, récoltées en forêt de Sainte-Baume ou à proximité de Manosque, ont déjà pris place, plus au nord, en forêt de Verdun (Grand Est), à l’issue de leur passage par la pépinière expérimentale ONF de Guémené-Penfao (Pays-de-la-Loire) où les graines donnent naissance à des plants.

Le même principe s’applique aux sapins pectinés. Une essence jugée sensible aux sécheresses.

L’expérimentation de l’ONF reste corrélée aux projections climatiques, associées à des hausses attendues des températures de 2 à 4 °C d’ici à 2100 et à des incertitudes sur l’évolution des régimes de précipitation.

L’initiative s’inscrit dans le temps long forestier. Néanmoins, elle pourrait donner de premières indications au fil de ses 10 premières années, en fonction de la survie et de la croissance des plants.

C. C./Forestopic

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