Sylvamap met la gestion de la forêt à l’heure d’Internet et part à la conquête des propriétaires forestiers privés dotés d’un plan simple de gestion.
Sylvamap vient de lever 470 000 euros auprès d’investisseurs privés, « des particuliers », précise Alban Le Cour, son cogérant. Avec cette manne, la start-up entend faire mieux connaître son outil Web de gestion forestière.
En investissant dans le « faire savoir », Sylvamap, basée près de Nantes (Pays-de-la-Loire), veut conquérir quelque 50 000 propriétaires forestiers privés possédant un plan simple de gestion (PSG) pour leur forêt, représentant plus de 4 millions d’hectares estimés*. Créée en 2011 (sous le nom Dynamiques foncières), l’entreprise a déjà séduit 200 propriétaires détenant 40 000 hectares au total.
Le plan simple de gestion déployé sur Internet
Transformer le document de gestion durable de la forêt en une plate-forme Web dynamique et attractive, c’est le credo de cette jeune entreprise. Alban Le Cour, lui-même propriétaire de 50 hectares de forêt, détaille :
« J’ai trouvé que le PSG était parfois vécu de façon trop administrative, réglementaire. C’est pourtant un excellent outil pour se projeter dans l’avenir. Sauf que son format papier en rend l’utilisation compliquée. »
Avec la transposition de la forêt sur Internet, tout commence par une copie du PSG, que le propriétaire transmet à Sylvamap. L'équipe nantaise produit une numérisation de la carte de la parcelle.
« Nous superposons la cartographie des peuplements forestiers au fond cadastral de l’IGN et à la photographie aérienne de la parcelle »,
Le descriptif des peuplements, les programmes de travaux et de coupes de bois, ainsi que l’historique, s’ajoutent à l’ensemble.
« La forêt se gère comme une petite entreprise »
Outil de pilotage et de suivi, le système d’informations géographiques (SIG) en ligne a vocation à s’enrichir dans le temps, avec des informations sur les opérations de sylviculture, les volumes de bois récoltés, les coûts des travaux et autres factures associées. Quant à la biodiversité, son respect est induit par le document de gestion. « L’utilisateur peut intervenir sur la carte, la compléter, l’amender », indique Alban Le Cour.
Digitalisées, la forêt et sa gestion deviennent plus accessibles aux différents intervenants, tels que gestionnaire, expert, coopérative. C’est aussi la vie et la mémoire de la forêt, qui peuvent être transmises aux ayants droit, dès lors qu’ils disposent d’une connexion à Internet. De quoi, aussi, « mieux valoriser son patrimoine, car les forêts sont susceptibles de changer de main », ajoute le dirigeant.
Alban Le Cour en est convaincu :
« La forêt se gère comme une petite entreprise. »
Le service numérique coûte en moyenne 1,20 euro HT par hectare et par an. Il promet également d’alléger les procédures administratives, en délivrant le bilan décennal de mise en œuvre des documents de gestion durable ou les pièces nécessaires pour bénéficier d’avantages fiscaux. La possibilité, pour le propriétaire, de communiquer des données aux instances, telles que centres régionaux de la propriété forestière (CRPF), est à l’étude.
Géographie, informatique, développement Web
Or, la multiplication d’outils informatiques, ce sont autant de systèmes potentiellement propriétaires, c’est-à-dire non compatibles entre eux. « Le nôtre permet une interface avec un tableur », assure Alban Le Cour.
Alban Le Cour et Jérôme Batisse sont les fondateurs de Sylvamap, deux anciens de Veolia, groupe de services liés à l’environnement. Pour lancer Sylvamap, ils se sont entourés de compétences de géomaticiens (alliant géographie et informatique) et de développeurs Web, au sein d’une équipe qui réunit aujourd’hui six collaborateurs.
La start-up ambitionne d’atteindre, dans les 5 ans, 10 % de son cœur de cible, et de réaliser un chiffre d’affaires de 900 000 euros par an.
Chrystelle Carroy/Forestopic
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* Les plans simples de gestion (PSG) couvraient près de 3 millions d’hectares en 2014, selon les Indicateurs de gestion durable des forêts françaises métropolitaines. Les PSG sont susceptibles de concerner un million d’hectares supplémentaires en 10 ans, d’après la même source.