À l’aube de l’entrée en vigueur de la RE2020 et dans le contexte atypique de la crise sanitaire (Covid-19), quelles perspectives pour la construction bois ? L’optimisme, même mesuré, semble prévaloir chez les entreprises de la construction bois, comme chez les fabricants de bardages.
De la perspective prometteuse pour la construction bois ou de la conjoncture incertaine du secteur du bâtiment, laquelle va le plus peser dans la balance ?
Certes, l’année 2020 a signé « une chute historique d’activité » dans le bâtiment (à -15,2 % hors effet prix), selon la Fédération française du bâtiment (FFB). Début 2021, l’activité du secteur a rebondi, mais sans retrouver les niveaux de début 2019. En septembre-octobre 2021, « les carnets de commande s’effritent quelque peu dans le bâtiment mais sont jugés toujours très bien garnis et proches de leur point haut de 2019 », analyse la Banque de France.
Le niveau d’activité se maintient dans la construction bois
Or, le marché de la construction bois a progressé de 2 % en 2020 en France (par rapport à 2018), où près de 2 000 entreprises ont réalisé 1,93 milliard d’euros HT de chiffre d’affaires, d’après l’Observatoire national de la construction bois, dans son enquête* périodique financée par le comité professionnel Codifab et France Bois Forêt. Mais, pour 59 % des entreprises sondées, le chiffre d’affaires se rétracte de 14 % en moyenne en 2020.
Néanmoins, le chiffre d’affaires de la construction bois est tombé à 1,68 milliard d’euros en 2020 (-12 %), estime le cabinet Xerfi, dans une étude qui aborde les promoteurs immobiliers, les constructeurs de maisons individuelles, les constructeurs dits intégrés (Vinci, Eiffage, Maître Cube...).
Et, tandis que les tensions sur l’approvisionnement en bois tendent à se dissiper, selon Le Commerce du Bois (LCB), elles sont susceptibles de générer des hausses de prix.
Gains de parts de marché à l’horizon
Le bois gagne du terrain dans la construction et ne se cantonne plus à la maison individuelle, selon le comité professionnel Codifab. La part de marché de la construction bois dans le logement (individuel et collectif) s’établit à 6,5 % en 2020, contre 16,8 % dans le non résidentiel, soit une légère augmentation par rapport à 2018. Les extensions en bois tiennent le haut du pavé, avec 30,5 % de parts de marché.
Xerfi considère, de son côté, que la part de marché du bois dans la construction gagnera deux points par rapport à 2020 pour atteindre 8 % en 2023, à la faveur de l’entrée en vigueur attendue en 2022 de la réglementation environnementale RE2020, et d’une appétence écologique des Français qui trouve un écho chez les élus locaux, ainsi que chez les professionnels de l’immobilier et les investisseurs. Par ailleurs, d’après les prévisionnistes de Xerfi, dans la construction modulaire, tous matériaux confondus, « des segments de niche comme les studios de jardin sont promis à un bel avenir ».
Le boom du bardage bois
Pour le bardage bois, la crise Covid-19 se traduit par un boom. C’est un segment de marché qui enfle de 25 % entre 2019 et 2021, après une hausse de 6,4 % entre 2016 et 2019. Ces revêtements de façade devraient ainsi représenter un peu plus de 7 millions de m2 vendus en 2021, contre 5,7 millions de m2 en 2019, selon une étude que vient de publier LCB. Chez les particuliers « confinement, télétravail, chômage partiel, ont été favorables aux travaux d’amélioration de l’habitat », observe le consultant Jean-Marc Mornas qui a mené l’étude. Un constat qui se retrouve pour les terrasses, selon une autre enquête LCB en préparation.
L’atout de la qualité environnementale
Dans le secteur non résidentiel, la qualité environnementale de plus en plus prisée par les maîtres d’ouvrage et les maîtres d’œuvre se répercute, pour ce qui est de la façade, en faveur du bardage bois, selon LCB – idem pour les terrasses en bois que des collectivités viennent à privilégier, afin notamment d’éviter une imperméabilisation des sols.
Et si le bardage traité en autoclave domine plus de 50 % du marché, car « accessible aux particuliers en termes de prix », la progression du bardage traité par des saturateurs, qui procurent un aspect naturel, peut confirmer cette tendance :
« Le grisaillement du bois commence à entrer dans les mœurs, à condition qu’il soit fait de façon homogène. Le bardage avec saturateur reçoit un bon accueil, car il permet d’anticiper le vieillissement de façon esthétique »,
Les bardages à saturateurs rejoignent le niveau des bardages naturels (sans traitement), avoisinant ainsi 1 million de m2 vendus par an. Une demande pour des produits sans traitement chimique est perceptible chez les architectes, en particulier ceux engagés dans la construction bois.
Des attentes s’expriment envers le bois local, voire feuillu, parmi les architectes, les distributeurs, les collectivités, note LCB. Ce qui n’est pas sans lien avec les essences mobilisées. Le sapin du Nord constitue 73 % des bardages autoclaves (en m2 vendus). Le douglas représente 60 % des bardages naturels et 37 % des bardages avec saturateurs, contre 34 % et 25 % respectivement pour le mélèze.
Le feuillu prend sa place, par exemple dans le bardage en bois brûlé de peuplier que vient de lancer le groupe Ducerf (photo). Sa fabrication fait intervenir un chauffage à haute température (THT) et une finition en « noir intense », pour du bois qui provient « essentiellement » de Bourgogne-Franche-Comté, indique l’industriel.
Des prévisions à la hausse demeurent
Qu’en est-il du court ou moyen terme ? Dans la construction bois, plus des trois quarts des entreprises estiment que leur carnet de commandes 2021 s’avère épargné par la crise du coronavirus avec, dans l’ensemble, des prévisions d’activité dynamiques, illustrées par des projets de recrutement ou d’investissement dans l’outil de production (étude Codifab).
Par ailleurs, LCB prévoit une croissance du marché du bardage bois de 16 à 17 % a minima entre 2019 et 2025.
C. C./Forestopic
* Enquête prenant en compte l’ossature bois, le système poteau-poutre, les panneaux en bois massifs contrecollés ou contrecloués, le colombage traditionnel et le bois massif empilé (hors travaux d’isolation par l’extérieur et de charpente).