Techniques et matériels ont profondément évolué dans le bois énergie, ces dix dernières années. Entretien avec Damien Mathon, délégué général du Syndicat des énergies renouvelables (SER).
Les évolutions technologiques sont d’actualité dans le bois énergie, pour chauffer plus, tout en émettant moins de polluants. Le bois se place aujourd’hui en tête des énergies renouvelables en France, principalement pour des applications de chauffage. Damien Mathon nous accorde un entretien sur le sujet. Diplômé en sciences du bois de l’école d’ingénieurs Enstib*, à Épinal, il est le délégué général du Syndicat des énergies renouvelables (SER).
Que représente le bois parmi les différentes ressources destinées au chauffage ?
Damien Mathon. Le chauffage domestique est la principale utilisation de cette valorisation énergétique avec 7 Mtep (millions de tonnes équivalent pétrole) comparées aux 70 Mtep toutes énergies confondues destinées au chauffage. À ces 7 Mtep, viennent s’ajouter environ 4 Mtep pour le chauffage collectif, tertiaire et industriel. Au final, le bois-énergie représente quelque 10 Mtep sur les 22 Mtep produites par les énergies renouvelables. Le bois est la première source d’énergie renouvelable de l’Hexagone.
Les évolutions techniques récentes permettent-elles d’économiser le bois et de réduire les émissions de particules ?
D.M. La déperdition était réelle jusqu’à une période récente dans les appareils indépendants, poêles, inserts ou foyers fermés. Voilà à peine une dizaine d’années, nous étions sur des rendements énergétiques d’à peine 50 %. Seule la moitié de l’énergie d’une bûche se retrouvait sous forme de calories dans la pièce. L’autre moitié partait dans la température des fumées évacuées. Le rendement énergétique n’était pas la préoccupation des industriels ; ce qui les préoccupait était d’être à feu continu. Le client souhaitait que, lorsqu’il avait mis des bûches à 23 heures, il reste le lendemain matin un lit de braises pour pouvoir relancer le feu sans avoir à rallumer.
L’avènement du label Flamme Verte a-t-elle modifié les points de vue ?
D.M. La démarche Flamme Verte, lancée en 2001 par l’Ademe* et les industriels du secteur, implique la prise en compte de la performance. Deux approches ont été valorisées, le rendement énergétique, le plus haut possible, et les émissions de particules. Elles avaient vocation à être mesurées dans le cadre du label. L’idée était d’améliorer les performances d’une année sur l’autre, donc d’exclure un certain nombre d’appareils au profit de nouveaux dans une gamme améliorée. Aujourd’hui, un appareil consommant des bûches enregistre 70-75 % de rendement ; les granulés permettent d’aller plus loin, avec une meilleure performance due à l’alimentation automatique. L’effet est encore démultiplié dans un logement récent bien isolé.
Les émissions de polluants, en particulier les particules, ont fait l’objet d’une attention particulière au cours de la démarche de labellisation. Entre 2004 et aujourd’hui, on a divisé grosso modo par huit la quantité d’imbrûlés exigée pour obtenir le label Flamme Verte. L’appareil à zéro polluant n’existe pas, mais le remplacement par un appareil à label Flamme Verte divise la pollution atmosphérique par 20 ou 30.
Et les chaufferies collectives ?
D.M. Les performances ont toujours été meilleures dans les chaufferies collectives. Les températures obtenues dans le foyer sont plus élevées et génèrent donc moins d’imbrûlés. Vous cassez plus aisément les molécules de bois constituées de carbone et vous produisez du CO2 [une combustion plus complète limite l’émission de monoxyde de carbone, NDLR].
D’aucuns craignent des conflits d’usage pour le bois, qu’en est-il aujourd’hui selon vous ?
D.M. Le chauffage domestique absorbe du bois dont on ne ferait pas des meubles. Il peut y avoir une concurrence d’usage avec la pâte à papier ou les matériaux destinés aux panneaux de particules qui utilisent de la sciure dont on fait également des granulés. Les stocks de bois sont excédentaires ; en revanche, le problème réside dans l’accès à la ressource et à un coût de mobilisation relativement faible.
Entretien réalisé par Martine Chartier/Forestopic
* Ademe : Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie.
Enstib : École nationale supérieure des technologies et industries du bois.