Schiste rouge en forêt de Brocéliande (crédit photo: Xavier Grenié/CNPF)
Schiste rouge en forêt de Brocéliande (crédit photo: Xavier Grenié/CNPF)

La filière forêt-bois bretonne se construit pas à pas

 

Dans son dossier du mois de juin 2021, Forêts de France invite ses lecteurs à découvrir la filière forêt-bois bretonne. Engagée dans un patient effort de reboisement, la région lutte contre ses maux : un extrême morcellement du foncier et la dichotomie entre ressource et transformation du bois ; les feuillus occupent 78 % de la forêt, or les résineux concentrent 85 % de la récolte de bois d’œuvre. 

La forêt en Bretagne occupe 15 % du territoire. C’est peu, comparé au taux de boisement national, mais ce ne fut pas toujours le cas. Grâce aux études de pollens fossiles conservés dans les tourbières, on sait aujourd'hui que la forêt occupait la quasi-totalité de la Bretagne il y a 5 000 ans, avant l’arrivée de l’homme (source : Observatoire de l’environnement en Bretagne ). À la faveur d’un essor démographique, les défrichements ont pris une grande ampleur à partir de 400 ans avant J.-C. Ces déboisements, liés au développement de l’agriculture, se sont ensuite poursuivis activement. Ainsi, au Xe siècle, les terres agricoles prenaient largement le pas sur le manteau forestier.

Depuis le milieu du XXe siècle, on assiste à un effet de balancier. Dans un contexte de déprise agricole, la forêt gagne de nouveau du terrain et elle est majoritairement feuillue (78 %). Le dernier mémento de l’inventaire forestier (2020) annonce une surface de 409 000 hectares (à 21 % certifiée PEFC) et qui a augmenté de 70 % depuis 1965. Les plantations résineuses réalisées dans le cadre du Fonds forestier national (FFN) ont contribué à cette extension, mais la forêt s’étend aussi sans l’intervention de l’homme par la colonisation naturelle des terres délaissées.

Deux problèmes majeurs se posent à cette forêt très majoritairement privée :
– le morcellement intimement lié aux activités bocagères ; sur les 124 000 propriétaires forestiers bretons, seuls 35 000 possèdent plus d’un hectare de forêt (source CRPF* de Bretagne, 2005) ;
– et le déficit de plantation depuis l’arrêt du FFN.

Des reboisements encouragés

Les scieries qui transforment essentiellement les essences résineuses craignent pour leurs approvisionnements futurs. L’épicéa de Sitka, qui constitue depuis le début des années 2000 une ressource majeure, décroît. Sa disponibilité, estimée à 345 000 m3 en 2020, plongera à 100 000 m3 en 2035.

En 2015, cette inquiétude a convaincu les pouvoirs publics de financer une campagne régionale de plantation. Mais, les 1 200 hectares que Breizh Forêt Bois a suscités en 6 ans sont globalement jugés insuffisants par les acteurs de la filière.

La récolte reste modeste par rapport au volume sur pied (75 millions de m3). En 2018, un peu plus d’un million de m3 de bois ronds a été sorti des forêts bretonnes (source : Agreste Bretagne, mai 2020). Les chiffres expriment le fossé qui sépare l’utilisation des feuillus et celle des résineux. Chez les résineux, les prélèvements épousent étroitement la ressource disponible : 350 000 m3 de sapin-épicéa récoltés en 2018 et 107 000 m3 de pin maritime. Les prélèvements de bois d’œuvre de chêne, eux, n’ont pas dépassé 16 000 m3.

Des potentiels pour récolter et valoriser plus de bois

La majeure partie de la récolte de bois est transformée en Bretagne. En 2018, les scieries ont produit 192 000 m3 de sciages, dont 161 000 m3 de sciages résineux. Cette production traditionnellement destinée aux marchés de l’emballage devra demain conquérir des débouchés dans la construction.

Le principal levier pour mobiliser davantage de bois consiste à développer les marchés auprès des porteurs de projets, à la fois pour la construction bois (bois de structure, aménagements intérieur et extérieur) et pour l’énergie (chaufferies, réseaux de chaleur, etc.), en incitant à privilégier un approvisionnement local. En 2017, une étude des disponibilités en bois à l’horizon 2035** a montré que les réserves se trouvaient en grande partie dans des peuplements de qualité secondaire dont la bonne valorisation du bois énergie conditionne économiquement la réalisation des chantiers forestiers. Avec une gestion dynamique, la forêt bretonne pourrait en 2035 fournir des quantités substantielles de bois d’œuvre, de bois d’industrie et énergie supplémentaires : + 500 000 m3 de feuillus (chêne et châtaignier) par an et + 250 000 m3 de résineux par an également.

Pascal Charoy (Forêts de France)

* CRPF : centre régional de la propriété forestière.
** Étude de l’IGN avec la participation d’Abibois de l’Ademe et du Centre national de la propriété forestière (CNPF).



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Rubrique humoristique et satirique de la forêt et du bois


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