L’année 2022 s’est traduite par une hausse brutale du nombre d’incendies de forêt en France. Plus de 90 % de ces feux sont liés aux activités humaines. L’une des premières mesures de prévention passe par le débroussaillement. Le dernier numéro de Forêt & Innovation fait le point sur les différentes problématiques liées aux feux de forêt.
Le troisième numéro de Forêt & Innovation est entièrement consacré à la problématique des incendies, avec le dossier « Incendies : prévenir et restaurer ».
Si l’on regarde les projections réalisées par l’Office national des forêts avec l’aide de Météo-France, à l’horizon 2060, de nombreuses régions, jusque-là en grande partie épargnées, seront confrontées à des risques accrus. C’est en particulier le cas des grandes forêts périurbaines d’Île-de-France. Pour anticiper ces évolutions, il faudra capitaliser sur l’expérience des territoires du sud de la France et penser transfert de connaissances et de compétences vers les zones plus septentrionales. Il s’agit de réfléchir à la gestion du risque à l’échelle de ces massifs. C’est-à-dire travailler avec l’ensemble des propriétaires forestiers, qu’ils soient privés ou publics, pour penser les aménagements (citernes, pare-feu…), les travaux d’entretien et les accès aux forêts.
Détecter au plus tôt pour intervenir au plus tôt
Plus de 90 % des incendies de forêt sont liés aux activités humaines. Faire respecter les obligations légales de débroussaillement (OLD) est affiché comme une priorité en matière de prévention. C’est un des éléments clés du dispositif de défense de la forêt contre les incendies (DFCI). C’est surtout la mesure préventive la plus efficace pour limiter les dommages aux habitations et à ceux qui y vivent.
Le respect des OLD réduit le risque d’être à l’origine d’un départ de feu depuis son lieu d’habitation. Les retours d’expérience montrent qu’une écrasante majorité des maisons détruites par les incendies n’étaient pas débroussaillées dans leur périphérie. Respecter cette mesure facilite également le travail des sapeurs-pompiers.
« Actuellement, le taux de réalisation des OLD, variable selon les territoires, est souvent inférieur à 30 %. Ces niveaux s’expliquent en premier par le fait que l’existence même des OLD est très souvent méconnue. Ces obligations s’appliquent dans 46 départements français concernés comme particulièrement à risque. Pour autant, le débroussaillement est préconisé pour chaque maison à proximité de forêt ou de végétation dense », expliquent les ministères de l’Intérieur, de l’Agriculture et de la Transition écologique, dans un communiqué commun.
Connaître le zonage des obligations légales de débroussaillement
Pour les OLD, différentes modalités s’appliquent. Chaque département les fixe par arrêté préfectoral. Elles sont consultables en mairie et sur le site internet de chaque préfecture.
Depuis mars 2023, l’Institut national de l’information géographique et forestière (IGN) met sur le site Géoportail le zonage informatif des obligations légales de débroussaillement. Par le biais d’une page dédiée aux feux de forêt et de végétation, sur le site du ministère chargé de l’écologie, il est également possible d’accéder à cette carte en ligne, permettant aux particuliers de localiser leur terrain et de savoir s’il est soumis à la réglementation sur les OLD.
Dans les communes concernées, cette obligation s’applique aux propriétaires de maisons situées à moins de 200 mètres des bois et forêts et également des landes et garrigues. Là où l’obligation légale de débroussaillement s’applique, il faut débroussailler sur une profondeur de 50 mètres autour des habitations, constructions, ou autres équipements de toute nature (abris de jardin, garage, écurie…).
Cette profondeur peut être portée à 100 mètres par le maire ou le préfet. Ce débroussaillement sur 50 mètres en périphérie des bâtiments ne tient pas compte des limites de propriété. Les travaux peuvent donc s’étendre sur la ou les parcelles des propriétés voisines, quand celles-ci ne sont pas bâties.
François d’Alteroche (Forêt & Innovation)