Forêt, arbres et bien-être: un grand bain de livres

Au moins une petite vingtaine d’ouvrages sont parus en 2018 sur la sylvothérapie et le bien-être avec les arbres et la forêt
Au moins une petite vingtaine d’ouvrages sont parus en 2018 sur la sylvothérapie et le bien-être avec les arbres et la forêt (illustration: premières de couvertures)
Forêt, arbres et bien-être: un grand bain de livres

Bains de forêt, sylvothérapie, bien-être auprès des arbres… ces thématiques ont rencontré, en 2018, un dynamisme foisonnant chez les éditeurs français.

 

2018, année de la sylvothérapie, du bain de forêt et du bien-être avec les arbres ? Le concept, en tout cas, inspire les auteurs et les éditeurs. Au moins une petite vingtaine d’ouvrages sont parus en 2018 sur ce sujet qui suscite tantôt enthousiasme tantôt scepticisme.

De l’éveil des sens en pleine nature à une pratique de méditation qui a pour originalité de se dérouler en forêt, en passant par les vertus curatives attribuées aux arbres et leurs utilisations thérapeutiques en gemmothérapie (usage des bourgeons), décoctions et autres huiles essentielles, entre les approches new age et les partis pris scientifiques, il y en a pour tous les goûts.

Le bain de forêt vu du Japon

  • Qing Li, Shinrin yoku. L’art et la science du bain de forêt, éd. First, 310 pages, 17,95 euros

Qing Li, professeur associé à l’École japonaise de médecine et membre fondateur de la société japonaise pour la médecine forêt, dirige des recherches sur le shinrin yoku (du japonais « bain de forêt »). Son ouvrage offre une présentation vulgarisée de ses travaux et de diverses publications. Deux heures de marche en forêt suffisent pour ressentir une amélioration de l’humeur, résume-t-il. Qing Li constate aussi, chez ceux qui s’adonnent à des bains de forêt une fois par mois, un renforcement du système immunitaire, mesuré notamment grâce à l’activité des « cellules tueuses naturelles » (cellules NK). Ces bienfaits pourraient être dus à Mycobacterium vaccae, une bactérie inoffensive présente dans le sol et que nous respirons, ou aux phytoncides, ces substances odorantes émises par les arbres, telles que le terpène.

  • Yoshifumi Miyazaki, Shinrin yoku. Les bains de forêt, le secret de santé naturelle des Japonais, Guy Trédaniel éd., 192 pages, 18 euros

Chercheur et directeur adjoint du Centre pour les sciences de l’environnement, de la santé et de la terre à l’université de Chiba, à Tokyo, Yoshifumi Miyazaki utilise le concept élargi d’écothérapie, appliqué à un quotidien où l’urbanisation et les technologies informatiques jouent leur part dans le stress. Un chapitre présente plusieurs expériences. Par exemple, l’une d’elles évalue le bien-être associé à une marche et à une contemplation en forêt, en mesurant l’évolution de la fréquence cardiaque, de la tension artérielle ou du cortisol salivaire (marqueur du stress). Et la simple odeur du bois séché naturellement calmerait l’activité cérébrale, provoquant un effet de détente.

Qing Li et Yoshifumi Miyazaki proposent des détours par la culture japonaise, notamment les divinités et les esprits de la nature, la place donnée à la sylvothérapie dans le pays ou encore son art floral. Ils prodiguent leurs conseils pour la pratique du bain en forêt ou auprès des arbres urbains, ou pour faire entrer les plantes chez soi ou au bureau, dans l’optique d’améliorer la qualité de vie.

Praticiens de la sylvothérapie

  • Éric Brisbare, Un bain de forêt, Marabout, édition illustrée, 260 pages, 25 euros

Éric Brisbare développe une synthèse sur le bain de forêt, mariée à son expérience personnelle d’accompagnateur en montagne et praticien de la sylvothérapie. En France, « sachez qu’il y a une forêt à moins de 30 km de chez vous », relève-t-il, s’attardant aussi sur les spécificités de chaque saison ou sur des initiatives comme le label « Forêt d’exception » de l’Office national des forêts. Il propose des approches adaptées aux enfants, aux « ados hyperconnectés », aux femmes enceintes, aux personnes âgées.

  • Amos Clifford, Le guide des bains de forêt. Expérimentez les pouvoirs de guérison de la nature, Guy Trédaniel éd., 171 pages, 14,90 euros

Ex-guide nature, Amos Clifford est le fondateur de l’Association des guides et programmes de thérapie par la forêt et la nature (ANFT), basée aux États-Unis d’Amérique ; il est, par ailleurs, un adepte de Peter Wohlleben si l’on en croît la bibliographie en fin d’ouvrage. Après un panorama des connaissances sur les bienfaits de la forêt pour l’humain, Amos Clifford détaille des suggestions pratiques visant à mobiliser toutes nos capacités sensorielles en milieu forestier. L’auteur avance une méthode de « communication imaginale », où il invite à se laisser guider par l’imagination.

  • Jean-Marie Defossez, Sylvothérapie. Le pouvoir bienfaisant des arbres. Retrouver son énergie et se ressourcer, éd. Jouvence, 142 pages, 15,90 euros

L’ouvrage décline une série d’exercices de respiration et de méditation avec les arbres et la forêt.

D’où vient le bain de forêt ?
La plupart des auteurs font remonter l’expression japonaise de shinrin yoku à l’année 1982. Ils l’attribuent à Tomohide Akiyama, alors directeur de l’agence japonaise des forêts. Pour Qing Li, le bain de forêt consiste à « se baigner dans l’atmosphère de la forêt ou s’imprégner de la forêt à l’aide de ses sens ». Il précise qu’un programme sanitaire national pour le bain de forêt existe au Japon depuis 1982.
Amos Clifford définit cette pratique comme « l’art de rester silencieux dans la nature ». Il souligne aussi que « le contact avec la nature dans un but thérapeutique a une longue tradition dans la plupart des cultures ». Éric Brisbare ajoute qu’en France, la mention de « cures forestières en climat sylvestre » point dès 1912, dans la Revue des eaux et forêts. Quelques décennies plus tard, en 1985, paraît l’ouvrage Forêt et santé : guide pratique de sylvothérapie (éditions Dangles), écrit par l’ingénieur des Eaux et Forêts, Georges Plaisance ; en partie consultable en ligne dans Gallica, l’ouvrage est au menu du projet de numérisation des livres indisponibles, conduit par la Bibliothèque nationale de France (BNF).

Arbres, symboles, usages thérapeutiques et quête de soi

  • Ouvrage collectif, Au bonheur des arbres, éd. Terre vivante, 210 pages, 25 euros

Livre préfacé par Georges Feterman, président de l’association Arbres, dédiée aux arbres remarquables. Le lecteur part à la rencontre d’une cinquantaine d’arbres, de la lettre A comme Amandier au T de Tilleul. Chaque arbre est présenté par ses caractéristiques physiques, sa longévité, son habitat et son éventuel usage en cuisine, ainsi que les propriétés médicinales qui lui sont attribuées. Par exemple, le noyer serait bon pour les neurones, et le ginkgo biloba stimulerait la circulation et l’énergie pulmonaire. Le livre aborde la mythologie et la symbolique, où la vigueur du cornouiller mâle côtoie l’estime de soi associée au bouleau.

  • Sylvie Verbois, Les arbres guérisseurs. Leurs symboles, leurs propriétés, leurs bienfaits, éd. Eyrolles, 189 pages, 12 euros

Sylvie Verbois est présentée comme thérapeute, versée dans les médecines sacrées. Elle aborde plusieurs dizaines d’espèces d’arbres auxquelles sont conférées des propriétés thérapeutiques (par la consommation de feuilles ou d’écorces en infusion ou en décoction, ou encore de fruits). Elle traite, de plus, d’une symbolique émotionnelle d’une quarantaine d’arbres, par exemple le sureau, le hêtre, le mélèze.

  • Catherine Davau, Grandir avec les arbres, éd. Eyrolles, 163 pages, 13 euros

Les arbres peuvent procurer une source d’inspiration pour mieux se connaître. Cette démarche est au cœur de Grandir avec les arbres. Dans ce conte initiatique, une jeune femme qui répond au nom d’Anastasia part à la rencontre de douze arbres, du fau de Verzy au pin parasol du jardin de la villa Thuret, mis en résonnance avec des œuvres d’art. Ce sont autant de portes ouvertes par Anastasia, dans sa quête intérieure pour se libérer de l’épilepsie.

Le bain de forêt pourrait bien continuer à déployer ses vagues. C’est un sujet d’intérêt pour le projet « Des hommes et des arbres ». Outre-Atlantique, l’ANFT organise, en juillet 2019, sa première conférence internationale sur la thérapie forestière, en Californie, sur le campus de l’université de Sonoma.

 Chrystelle Carroy avec Martine Chartier/Forestopic

D’autres ouvrages parus en 2018 :
• Annie Casamayou (naturopathe) et Isabelle Maroger (illustratrice), Mon cahier bain de forêt. La tendance feel good du shinrin yoku, Solar éd., 96 pages, 7,90 euros.
• Stéphane Boistard, Sylvothérapie : de l’arbre médicinal à la forêt thérapeutique, Terran éd., 254 pages, 22 euros. L’auteur est « cueilleur, formateur et conférencier spécialisé en gemmothérapie ».
• Patrice Bouchardon, À l'écoute des arbres je me suis rencontrée. Le roman initiatique pour aller à la rencontre de soi, éd. Leduc.S, 192 pages, 17 euros.
• Gilles Diederichs, « relaxologue », Le cahier Sylvothérapie en famille, First éd., 96 pages, 7,95 euros. Illustré par Nathalie Jomard.
• Astrid Eulalie, Le Cahier Se reconnecter à la nature pour les Nuls, First éd., 128 pages, 9,95 euros.
• Héctor García, Francesc Miralles, Les pouvoirs guérisseurs de la forêt. Le shinrin yoku ou la voie du bonheur, Solar éd., 192 pages, 15,90 euros. Ingénieur ayant travaillé au Conseil européen pour la recherche nucléaire (CERN), Héctor García vit au Japon depuis plus de 12 ans, selon l’éditeur. Francesc Miralles est musicien, traducteur, écrivain.
• Bettina Lemke, Le petit livre des bains de forêt, Albin Michel, 192 pages, 12,90 euros.
• Laurence Monce, Ces arbres qui nous veulent du bien. À la découverte des bienfaits de la sylvothérapie et du bain de forêt, Dunod, 240 pages, 16,90 euros. L’auteur, naturopathe, se présente comme le « seul expert en France à former aux cinq branches de la sylvothérapie » (créative, récréative, énergétique, curative, culinaire).
• Laurence Monce, Découvrir la sylvothérapie, Dunod, 176 pages, 11,90 euros.
• Jacques Tassin, Penser comme un arbre, Odile Jacob, 144 pages, 16,90 euros. Chercheur écologue au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad), l’auteur invite à « retrouver le chemin des arbres et du sensible », tout en prenant ses distances « avec l’ésotérisme, les croyances surimposées aux connaissances, voire la surinterprétation de résultats de la recherche scientifique ».

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