France Valley veut participer à la structuration de la filière forêt-bois

France Valley vient d’acquérir 450 hectares de forêts en Occitanie (crédit photo: France Valley)
France Valley vient d’acquérir 450 hectares de forêts en Occitanie (crédit photo: France Valley)
France Valley veut participer à la structuration de la filière forêt-bois

Pour France Valley, le risque des scolytes de l’épicéa joue en faveur de la vente du bois par contrat, plutôt qu’aux enchères. C’est aussi un choix de cette société de gestion de portefeuille que de privilégier, là où c’est pertinent, ce mode de commercialisation qu’elle juge structurant.

 

Acheter une forêt à scieur, puis lui vendre le bois qu’elle produit par contrat. C’est ce que vient de mettre en œuvre France Valley. En effet, la société de gestion de portefeuille, agréée par l’Autorité des marchés financiers, a acquis début 2020, pour le compte de son groupement forestier d’investissement (GFI), les massifs du pic du Pal et des Mazes, dans l’Aveyron (Occitanie). La transaction porte sur 450 hectares au total. Le massif du pic du Pal comprend 80 % d’épicéas arrivés à maturité. Dans celui des Mazes, les douglas côtoient des épicéas, au sein de peuplements forestiers plus jeunes.

C’est avant que soit finalisée l’acquisition, durant la phase d’étude, que le principe du contrat d’approvisionnement a fait l’objet d’un accord entre France Valley et le scieur, précédent propriétaire de ces forêts et l’un des trois plus gros transformateurs de résineux de l’Hexagone, accompagnés par le cabinet Forêt Investissement. L’engagement porte sur 20 000 m3 d’épicéa de qualité charpente, mobilisables durant 2 ans, tandis que le contrat est renouvelable pour 1 an.

La contractualisation du bois, un tournant stratégique

Pour la société France Valley, habituée aux enchères par ventes groupées en bloc (par lot), la contractualisation incarne un tournant stratégique, comme l’explique Clément Roche, son responsable des investissements forestiers :

« Nous souhaitons généraliser les contrats d’approvisionnement, lorsque les massifs sont de taille suffisante, sans pour autant abandonner les ventes de bois aux enchères. »

Le gestionnaire de patrimoine a initié la commercialisation par contrat en 2017 pour la chênaie du Palluau, près de Troyes (Grand Est), dont les bois sont repris par Société industrielle des bois conditionnés (SIBC), scierie jurassienne. Puis, il a répliqué ce modèle avec le groupe Moulin pour une forêt de douglas de 500 hectares dans l’Ardèche (Auvergne-Rhône-Alpes).

Dans ce cas, les experts forestiers supervisent l’exploitation forestière, ainsi que le partenariat avec le scieur. Le bois est alors vendu façonné. Pour ses activités forestières, France Valley travaille avec des experts et aussi avec des coopératives et un gestionnaire indépendant, en vue de mener les acquisitions, définir les orientations techniques et réaliser les prestations (martelage, encadrement de travaux sylvicoles…).

Maîtriser le risque des scolytes

Dans les forêts du pic du Pal et des Mazes, le risque d’une propagation des scolytes rôde. La contractualisation sécurise alors l’écoulement des bois, même en cas d’infestation des épicéas par le coléoptère.

Clément Roche voit d’autres avantages dans les contrats d’approvisionnement, outre leur caractère jugé « structurant » pour la filière forêt-bois :

« Avec le contrat, nous maîtrisons l’exploitation. Nous pouvons nous assurer que tous les bois ont été récoltés et qu’il n’y a pas eu d’oubli à la marge. De plus, nous pouvons mieux valoriser tous les types de produits, par rapport à la vente en bloc. »

Un avis qui rejoint le positionnement de Société forestière sur le sujet.

Lisser le risque climatique

En parallèle, France Valley donne la priorité à la sylviculture dite irrégulière, où cohabitent des arbres de différents âges.

« Ainsi, nous maintenons un couvert permanent et nous pensons que cela favorise un microclimat à l’intérieur de la forêt, limitant les dépérissements. Et l’irrégulier entraîne souvent un mélange d’essences fourni, ce qui lisse les risques liés au changement climatique »,

poursuit Clément Roche.

Dans cette optique, la futaie régulière du pic du Pal est promise à la conversion en irrégulier. Quelles essences succéderont à l’épicéa ? C’est l’objet de réflexions en cours. Cèdre, mélèze ou douglas pourraient prendre la relève, pouvant s’accompagner de feuillus comme le chêne rouge.

France Valley détient 82 forêts en gestion, sur un total de 12 000 hectares pour 5 000 investisseurs, des particuliers pour l’essentiel. Son portefeuille croît de l’ordre de 2 000 à 3 000 hectares par an.

C. C./Forestopic

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