Révision du standard PEFC: ce qui fait débat (Stéphane Marchesi)

Stephane Marchesi
Stéphane Marchesi, secrétaire général de PEFC France (crédit photo: Forestopic)
Révision du standard PEFC: ce qui fait débat (Stéphane Marchesi)

L’année 2016 doit voir la révision des standards français PEFC de gestion forestière durable. Avec des questions en débat. Entretien avec Stéphane Marchesi, secrétaire général de PEFC France.

 

Les parties prenantes travaillent depuis plusieurs mois sur la révision des standards français PEFC. La consultation du public vient de s’achever. Quel a été le principal point de débat ?

Stéphane Marchesi : Les débats ont porté sur le bois énergie et jusqu’où aller dans le prélèvement du petit bois. Auparavant, ce petit bois ne valait rien, il ne se vendait pas, restait peu valorisé. Aujourd’hui, avec l’intérêt grandissant porté au bois énergie, il renferme des enjeux en termes quantitatifs. Les appels à projets sur la biomasse du fonds chaleur fixent des seuils minimaux de bois issus de forêts certifiées. En même temps, ce petit bois s’avère riche en nutriments pour le sol. À l’heure actuelle, nous ne sommes pas armés, sur le plan scientifique, pour savoir dans quelles proportions il est possible de prélever ce compartiment sans appauvrir les sols et sans impact sur la biodiversité. Il y a peu d’études sur le sujet ; qui va mobiliser quatre thésards ?

Vers quoi s’orientent les discussions sur le petit bois dans le cadre du projet de standard ?

S.M. : Cela reste conflictuel et cela revient à faire peser sur nos épaules un rôle de garde-fou. Il est envisagé de poser le principe qu’il ne faut pas porter atteinte à la qualité des sols ni à la biodiversité, et que le propriétaire doit a minima se poser cette question. Sachant que cela dépend du sol et du climat, des problématiques de chaque territoire.

Que dire des coupes rases ?

S.M. : Le schéma actuel comporte un seuil maximum à 10 ha en plaine et à 4 ha en montagne, pour une trouée d’un seul tenant et effectuée en une fois. Cela a fait couler beaucoup d’encre. Nous pourrions le supprimer et nous en référer aux seuils fixés par les arrêtés préfectoraux pour chaque département. Ce qui ne devrait pas changer, c’est que la coupe rase doit se faire quand le bois est mûr, en limitant la taille de la trouée et son impact environnemental, afin qu’il n’y ait pas subitement un trop grand apport de lumière notamment. Le raisonnement s’appuie aussi sur le fait que la forêt va repousser, qu’elle soit naturelle ou plantée, avec des essences autochtones.

Qu’en est-il de l’équilibre forêt-gibier ?

S.M. : Il pourrait être instauré une obligation, pour l’adhérent à PEFC, de déclarer les dégâts de gibier dans sa forêt. L’objectif serait de mieux quantifier la réalité.

Quelles sont les prochaines étapes de la révision du standard ?

S.M. : Le mois de mai est consacré à la prise en compte des réponses du public. Nous avons reçu des propositions d’associations de consommateurs, de communes, de propriétaires forestiers, qui souvent sont pleines de bon sens. Nous allons aussi travailler sur l’intégration des entreprises de travaux forestiers dans le dispositif. Avant leur publication, les standards doivent obtenir l’approbation de PEFC International qui les soumet à plus de 260 points d’exigence. C’est pourquoi rien n’est encore arrêté.

Entretien réalisé par Chrystelle Carroy/Forestopic

Les phases-clés du processus de révision
28 septembre 2016. Réunies au sein du « Forum », les parties prenantes (50 organisations) débutent les travaux d’élaboration des nouveaux standards français, comprenant deux cahiers des charges, l’un pour le propriétaire forestier et l’autre, pour l’exploitant forestier, ainsi qu’un programme d’accompagnement à la certification. S’ajoutent deux cahiers des charges spécifiques, l’un pour la récolte du liège et l’autre pour la gestion forestière en Guyane.
Mars-avril 2016. Consultation du public sur le volet « gestion durable » des standards.
Mai-juin 2016. Rédaction du projet de document final et adoption par les instances de PEFC France.
Juillet-décembre 2016. Examen et approbation par PEFC International.
Janvier 2017. Publication envisagée des standards portant sur la période 2017-2022.

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