Les forêts tendent à perdre en diversité. Ce faisant, leurs écosystèmes sont moins à même de fournir des services multiples, comme produire du bois ou stocker du carbone. C’est le constat que dresse un collectif européen de chercheurs dans la revue PNAS.
Lorsque les forêts perdent de leur diversité, les bienfaits qu’elles apportent perdent eux aussi en diversité. Autrement dit, si l’on veut des forêts multifonctionnelles, la préservation de la biodiversité s’avère cruciale. C’est l’une des conclusions auxquelles parvient le consortium européen FunDivEurope, rassemblant 29 équipes de chercheurs, notamment de l’INRA, du CNRS et du Centre d’écologie fonctionnelle et évolutive (CEFE), basé à Montpellier. Ces travaux font l’objet d’une étude récemment publiée dans la revue scientifique Proceedings of the National Academy of Sciences of the USA (PNAS).
Chaque espèce d’arbres fournit des services spécifiques
« Dans presque tous les scénarios étudiés, l’homogénéisation biotique a un impact négatif sur la capacité des forêts à fournir des services écosystémiques multiples. Cela s’explique par le fait que toutes les espèces d’arbres ne fournissent pas les mêmes services avec la même intensité »,
Or, le constat des chercheurs est sans appel :
« L’homogénéisation biotique est en train de survenir partout dans le monde, aux échelles locales, régionales, globales. De même, la gestion forestière actuelle conduit souvent à un faible renouvellement des espèces sur de vastes étendues. »
Données provenant de 209 placettes forestières
On savait la biodiversité importante lorsqu’il s’agit de préserver les fonctions des forêts. Mais cette relation n’avait pas été étudiée à grande échelle :
« Ici, nous montrons, pour la première fois à notre connaissance, que la biodiversité peut aussi être importante pour la multifonctionnalité à des échelles spatiales plus larges dans les paysages forestiers européens »,
Cette échelle spatiale se veut plus proche des gestionnaires d’écosystèmes. Les chercheurs ont analysé des données portant sur 209 placettes forestières de six pays européens (Allemagne, Espagne, Finlande, Italie, Pologne, Roumanie). Ils ont réalisé des simulations informatiques, revenant à créer 6 000 espaces forestiers artificiels. Leurs analyses ont porté sur 16 fonctions des écosystèmes. Parmi ces fonctions, citons la production de bois, le stockage de carbone, la résistance à la sécheresse ou aux pathogènes, le maintien de la diversité des oiseaux ou des chauves-souris.
Enfin, les chercheurs de FunDivEurope pointent des pistes pour de futures études. Ce pourrait être, par exemple, de confirmer quels sont les paramètres qui jouent un rôle moteur dans ces scénarios.
Chrystelle Carroy/Forestopic