Des restrictions à la réutilisation des traverses de chemin de fer en bois créosoté mises à l’agenda européen

Voie de chemin de fer (crédit photo: Antonin Rémond)
Voie de chemin de fer (crédit photo: Antonin Rémond)
Des restrictions à la réutilisation des traverses de chemin de fer en bois créosoté mises à l’agenda européen

L’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) s’alarme de la circulation, sur le marché de seconde main, de traverses de chemin de fer en bois traité à la créosote, un biocide présentant des risques pour la santé humaine et l’environnement.

 

L’Agence européenne des produits chimiques (Echa) ouvre, jusqu’au 22 juin 2023, une consultation du public sur la « restriction de la mise sur le marché, de la réutilisation et de l’usage secondaire de bois traité à la créosote et substances apparentées ».

Cette procédure découle d’une proposition déposée par l’Agence française de sécurité sanitaire (Anses), visant notamment à amender le règlement européen sur les substances chimiques (Reach).

De plus, l’Anses plaide pour un marquage du bois lors du traitement à la créosote, afin de rendre l’item identifiable dans le temps.

Du bois créosoté vendu sur Internet

Utilisée pour traiter le bois, la créosote sert à prévenir les attaques d’insectes ou de champignons et à allonger la durée de vie du matériau. Substance persistante, elle s’accumule dans l’environnement et « peut provoquer des cancers et une altération de la fertilité », souligne l’Anses.

De ce fait, un seul usage du bois créosoté est permis aujourd’hui en France, celui des traverses de chemin de fer (arrêté du 18 décembre 2018). En fin de vie, il passe sous le statut de déchet dangereux. Or, malgré l’interdiction de toute autre utilisation, « des pratiques d’échanges de seconde main subsistent », s’alarme l’Anses. D’où le dossier déposé auprès de l’Echa, qui pourrait déboucher sur une harmonisation de la réglementation en Europe. Les trois essences principalement concernées sont le chêne, le pin et le hêtre.

Pour illustrer son argumentaire auprès de l’Echa, l’Anses fait référence à des petites annonces parues sur Internet. Elles mettent en vente « poutre chêne d’occasion ressemblant à une traverse de voie ferrée » à 29 euros la pièce, « traverses de chemin de fer pour réalisation d’aménagement extérieur de jardin » (usages de réutilisation) ou « tables basses en bois de récupération massif au charme rustique » ou encore « lampe élégante en bois de traverse de chemin de fer » (usages secondaires).

Par ailleurs, des distributeurs, de type grandes surfaces de bricolage, maintiennent l’appellation « traverses de chemin de fer », mais pour des produits qui consistent en des traverses paysagères, dénuées de créosote.

Autorisation, restriction

La proposition de restriction du bois créosoté a vocation à se caler sur le calendrier du renouvellement d’autorisation de la créosote par la Commission européenne, publié fin 2022 et valable jusqu’au 31 octobre 2029 pour les traverses de chemins de fer et pour les poteaux électriques et téléphoniques.

La France compte 10 000 vieilles traverses de chemin de fer réutilisées chaque année, contre 20 000 à 30 000 en Finlande, selon les données diffusées par l’Anses. Du côté du neuf, le marché français représente près de 20 % des sciages de chêne, avec 300 000 à 450 000 traverses par an destinées à la réfection de lignes de train régionales, d’après une étude sur les scieries de feuillus, datée de 2019.

Quant au traitement du bois, des travaux de recherche et développement visent à trouver un substitut de la créosote, qui soit viable. À ce titre, en 2021, SNCF Réseau faisait part de travaux, menés avec la start-up belge Durwood, dans l’optique d’introduire de nouveaux produits d’imprégnation du bois.

C. C./Forestopic

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