Une vision de la bioéconomie circulaire, durable et inclusive (au bénéfice de tous), s’appuyant sur la production de services écosystémiques, dont la biomasse utilisée pour l’alimentation, l’énergie et les matériaux (y compris les composés chimiques) qui doivent faire d’objet d’une économie circulaire, la production de bioénergie ne concernant que les matériaux en fin de vie et les sous-produits des chaînes de production (bois d’éclaircie, bois en fin de vie, déchets de scierie…). La bioéconomie circulaire prend également en compte les services non-marchands qui sont importants pour la société sans générer de flux monétaires. Graphique adapté de: Hetemäki L., Hanewinkel M., Muys B., Ollikainen M., Palahi M. et Trasobares A., 2017, “Leading the way to a European circular bioeconomy strategy”. From Science to Policy 5. European Forest Institute (EFI)
Une vision de la bioéconomie circulaire, durable et inclusive (au bénéfice de tous), s’appuyant sur la production de services écosystémiques, dont la biomasse utilisée pour l’alimentation, l’énergie et les matériaux (y compris les composés chimiques) qui doivent faire d’objet d’une économie circulaire, la production de bioénergie ne concernant que les matériaux en fin de vie et les sous-produits des chaînes de production (bois d’éclaircie, bois en fin de vie, déchets de scierie…). La bioéconomie circulaire prend également en compte les services non-marchands qui sont importants pour la société sans générer de flux monétaires. Graphique adapté de: Hetemäki L., Hanewinkel M., Muys B., Ollikainen M., Palahi M. et Trasobares A., 2017, “Leading the way to a European circular bioeconomy strategy”. From Science to Policy 5. European Forest Institute (EFI)

Changer notre modèle de société grâce à l’Europe de la forêt

 

La stratégie forestière européenne se prépare. Elle s’aligne sur le « pacte vert » (Green Deal) qui place l’Europe à la pointe du combat contre le changement climatique et la dégradation de l’environnement. C’est une occasion à saisir pour changer de modèle, en plaçant la nature et la vie au centre de l’économie, grâce à une bioéconomie durable, circulaire et inclusive. 

La Commission européenne doit présenter, début 2021, une nouvelle stratégie forestière européenne. Elle s’aligne sur le « pacte vert » (Green Deal) lancé fin 2019, comme l’ont rappelé les députés européens dans une résolution adoptée le 8 octobre 2020.

Les parlementaires européens réaffirment le rôle multifonctionnel des forêts, le nécessaire renforcement de la résilience des forêts face au changement climatique, incluant la prévention des incendies et infestations de parasites, avec plus de moyens pour la gestion durable et la protection des forêts et pour la recherche. Les députés appellent aussi à un recours plus large au bois dans la construction et à la lutte contre la déforestation importée.

Le pacte vert européen et sa vision forestière

La future stratégie forestière européenne complète et renouvelle la stratégie publiée en 2013. La Revue forestière française vient d’y consacrer deux articles.

En écho, le contexte forestier vu par le pacte vert est celui d’écosystèmes fournissant de nombreux biens et services, soumis à une pression croissante du fait des changements climatiques, et présentant un fort potentiel d’atténuation de ces changements par stockage de carbone et par substitution de produits biosourcés à faible impact carbone à la place de produits issus de sources fossiles.

Ces écosystèmes doivent faire l’objet d’une protection contre les incendies de forêts (menace grandissante même en dehors des biomes méditerranéens) et en faveur de la biodiversité. Le pacte prévoit de promouvoir leur résilience face aux agressions (extrêmes climatiques, incendies, menaces biotiques c’est-à-dire liées aux organismes vivants). Le pacte souligne aussi que la protection des forêts ne doit pas se cantonner à l’espace européen (dans lequel les forêts se portent plutôt mieux que dans le reste du monde), mais être envisagée à l’échelle planétaire en évitant les effets de déforestation importée.

La « neutralité carbone », visée par le pacte, implique un équilibre entre émissions de gaz à effet de serre (carbone, et également méthane, oxydes d’azote et autres) et séquestration de carbone à l’horizon 2050. Cette « neutralité carbone » est indispensable pour espérer limiter le changement climatique à une augmentation des températures globales de 1,5 à 2 °C.

La bioéconomie, des synergies entre économie et écologie

Cependant, une vision aussi ambitieuse ne peut se concrétiser sans réexaminer l’essence même du modèle économique que nous avons créé, nos modes de production et de consommation. Or, la bioéconomie nous offre l’occasion de construire une relation nouvelle et synergique entre économie et écologie qui devrait caractériser le XXIe siècle durant lequel nous finirons peut-être par respecter les lois de la physique et par intégrer la biologie dans nos pratiques. La bioéconomie offre une opportunité unique de corriger l’incapacité de l’économie actuelle à protéger la nature et la biodiversité. La raison est simple : la bioéconomie durable place la nature et la vie au centre de l’économie.

La bioéconomie, au sens où l’entend l’Institut européen des forêts (EFI), c’est-à-dire « une économie circulaire fondée sur la mobilisation de ressources biologiques renouvelables et de solutions biosourcées durables » utilise largement les deux biens ou services écosystémiques de la forêt que sont :
le bois en tant que matériau, pour ses fibres, ses composés chimiques, ses aptitudes énergétiques ;
la régulation du climat mondial (atténuation du changement climatique) par stockage de carbone et effets de substitution de bois et autres produits à des produits consommateurs de carbone fossile.

Pour une bioéconomie de la complémentarité des territoires

De plus, la bioéconomie doit inclure le développement de tous les autres biens et services écosystémiques contribuant aux équilibres planétaires et à la sécurité des biens et au bien-être des populations (protection des eaux, des sols, de la biodiversité, paysages, bénéfices socioculturels…).

On pourrait dès lors adopter une définition plus large de la bioéconomie qui serait plus inclusive et mobiliserait, au-delà des produits (aliments, matériaux, molécules, énergie), l’ensemble des services écosystémiques, marchands ou non, produits par les forêts.

Cette vision de la bioéconomie appuierait également une approche plus centrée sur les territoires ruraux, à travers l’agroforesterie par exemple, et tournée aussi vers les territoires urbains, à travers la foresterie urbaine et périurbaine et plus généralement le rôle des arbres et des écosystèmes forestiers dans la santé et le bien-vivre de notre société majoritairement urbanisée. C’est précisément cette vision globale de la bioéconomie forestière qui est portée par le projet « Des hommes et des arbres, les racines de demain », labellisé Investissements d’avenir, rassemblant des territoires et des acteurs du Grand Est autour de la métropole du Grand Nancy. Une vision construite sur la complémentarité entre territoires urbains, ruraux et forestiers, l’essence de la bioéconomie forestière.

D’après deux articles parus en juillet 2020 dans la Revue forestière française (n° 6/2019),

« Bioéconomie : le chaînon manquant pour connecter les actions du Green Deal européen ? », par Marc Palahí et Lauri Hetemäki (EFI) et Janez Potočnik, ancien commissaire européen à la recherche puis à l’environnement, DOI : https://doi.org/10.4267/2042/70884 ;

et « Le pacte vert (Green Deal) européen : quelle contribution de la forêt et de ses produits ? », par Erwin Dreyer et Meriem Fournier (université de Lorraine, AgroParisTech, Inrae, Silva), Jean-Luc Peyron et Guy Landmann (GIP Ecofor), Myriam Legay (AgroParisTech-Nancy), DOI : https://doi.org/10.4267/2042/70885 ;

avec un ajout sur l’actualité parlementaire européenne, par la rédaction de Forestopic.



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Grivoiseries
Rubrique humoristique et satirique de la forêt et du bois


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