Les forêts sont indissociables des paysages ruraux français. Elles contribuent à leur beauté et en plus de cet atout qui les fait apprécier du grand public, elles sont également de formidables réservoirs de biodiversité. Le numéro de Forêt & Innovation de septembre 2025 analyse ces atouts et donne des pistes pour les conforter.
Hébergeant des milliers d’espèces, les forêts sont reconnues comme des réservoirs de biodiversité. Conserver cette richesse biologique est un enjeu majeur pour la société, mais un challenge pour les forestiers. Ils doivent également prendre en compte les autres facettes de la multifonctionnalité des forêts (production de bois, accueil du public, protection contre les risques naturels…), ainsi que les bouleversements et incertitudes liés aux changements globaux (crises sanitaires, tempêtes, incendies...).
S’appuyer sur les rôles fonctionnels de la biodiversité
Une approche de la gestion forestière consiste à s’appuyer sur les rôles fonctionnels de la biodiversité. Parmi ces rôles essentiels aux écosystèmes, on peut citer le recyclage de la matière organique par les organismes décomposeurs, la pollinisation des fleurs par les insectes, la dispersion des graines par les oiseaux et petits mammifères ou encore les fonctions réalisées par les champignons associés aux arbres dans les mycorhizes. En effet, la diversité fonctionnelle* améliore la résilience des forêts face aux perturbations, leur capacité d’adaptation, et permet in fine de contribuer à l’ensemble des services écosystémiques. Pour cela, les facteurs clés à intégrer dans la gestion sont bien connus. Il s’agit notamment de jouer sur la diversité des peuplements forestiers (en composition, en structure…), de maintenir des attributs de maturité (très gros bois, bois morts, dendromicrohabitats…) et de préserver les milieux associés aux forêts (milieux humides, ouverts...). On parle de gestion forestière intégrative.
La prise en compte de ces enjeux dans les politiques publiques prend de l’ampleur. Au niveau européen, le règlement sur la restauration de la nature est entré en vigueur en 2024. En exigeant des États membres la restauration des écosystèmes dégradés, cette loi vient renforcer les directives dites « Natura 2000 ». Sa transposition en France s’articulera, ces prochaines années, avec les objectifs fixés dans la stratégie nationale sur la biodiversité (SNB) et la stratégie nationale pour les aires protégées (SNAP).
Caractériser la vulnérabilité des écosystèmes forestiers
Le dossier du Forêt & Innovation de septembre 2025 fait le point sur plusieurs outils à disposition. Tout d’abord, l’Observatoire national de la biodiversité documente l’état et l’évolution de cette dernière. De plus, des études associant des équipes du Centre national de la propriété forestière (CNPF) aident à mieux comprendre et prendre en compte les interactions entre les modes de gestion forestière et la biodiversité. Il s’agit aussi des démarches nationales visant à caractériser la vulnérabilité des écosystèmes forestiers et à identifier des préconisations de gestion facilitant l’adaptation au changement climatique. Ces projets complètent les connaissances acquises et transmises via des outils éprouvés, comme l’indice de biodiversité potentielle (IBP), les formations techniques, ainsi que les guides édités par le CNPF dans ce domaine (collection « Hôtes de la forêt », Flore et Faune forestière française, etc.).
Enfin, face à l’ampleur de ces défis, il est crucial de développer des leviers financiers facilitant l’adaptation des pratiques de gestion. Certaines initiatives prennent de l’ampleur, comme le label Bas-Carbone qui s’enrichit de nouvelles méthodes forestières. Des initiatives complémentaires émergent, notamment celle portée par le WWF. Elle vise à financer des projets de propriétaires forestiers souhaitant agir en faveur de la biodiversité.
Thomas Brusten (Forêt & Innovation)
* La diversité fonctionnelle est considérée comme l’un des piliers de la biodiversité. Ce terme englobe aussi la diversité génétique, des espèces et des écosystèmes.
