S’intéresser à l’archéologie en forêt ne relève pas d’un simple devoir de mémoire, il s’agit également de préserver des témoignages à même de nous expliquer certains aspects de notre passé. Sauvegarder ce patrimoine vise aussi à le transmettre intact aux générations futures.
C’est la première fois que Forêt & Innovation, la revue technique du Centre national de la propriété forestière (CNPF), consacre un numéro entier à l’archéologie. Cette discipline scientifique étudie l’histoire de l’humanité et la relation de l’homme avec son environnement, à travers l’ensemble des vestiges matériels laissés par lui au cours des siècles. Mais en quoi la forêt est-elle concernée par l’archéologie ?
L’aspect actuel du sol des forêts est souvent le résultat de l’intervention pluriséculaire de l’homme sur les milieux naturels : exploitation du bois, aménagements forestiers… Mais, les autres activités humaines l’ont également affecté : extraction de matériaux de construction, métallurgie, artisanat du bois, ouverture de voies de communication, opérations militaires…
Un formidable conservatoire...
Or, ces témoignages du passé ont été, la plupart du temps, particulièrement bien préservés par la couverture forestière, alors que les activités agricoles, et plus encore urbaines de l’époque contemporaine, les ont souvent largement altérés, voire totalement effacés du reste du territoire.
Il importe donc, et c’est l’objet du contenu du numéro 14 de Forêt & Innovation, que les propriétaires et les gestionnaires forestiers soient sensibilisés à ce patrimoine et à sa préservation. Pour cela, ils doivent apprendre à repérer ces vestiges et savoir quelle conduite tenir face à une découverte archéologique fortuite. Lorsqu’ils sont repérés, ces vestiges ne représentent, le plus souvent, qu’une contrainte mineure sur les travaux forestiers. Ce sont principalement les nouvelles dessertes qui constituent un risque.
... protégé par le Code du patrimoine
Que doit faire un propriétaire privé si ses parcelles recèlent des vestiges archéologiques ou si ce dernier les découvre lors de travaux ou de coupes de bois ? À qui s’adresser ? Faut-il en faire mention dans ses documents de gestion durable ? Ce numéro de Forêt & Innovation répond aux questions que peuvent se poser les différents intervenants en forêt et présente la législation en vigueur.
En France, le patrimoine archéologique est, en effet, protégé par le Code du patrimoine, et cette protection est mise en œuvre par les agents des services régionaux de l’archéologie (SRA), au sein des directions régionales des affaires culturelles (DRAC) du ministère de la Culture. Ils sont notamment chargés de l’inventaire de ces vestiges sur leur territoire de compétence et tiennent à jour la carte archéologique nationale, une base de données associée à un outil cartographique*. Ces informations sont consultables par les propriétaires forestiers ou leurs mandataires auprès des SRA. Pour certaines régions, elles sont même consultables via Internet, sur l’Atlas des patrimoines.
De multiples découvertes restent encore possibles. Depuis une vingtaine d’années, la multiplication des prospections en forêt, parfois accompagnées de fouilles, a permis le recensement de nombreux sites inédits.
Du fait des cycles de croissance des arbres, tout forestier inscrit nécessairement ses actions sylvicoles dans le temps long. Dans ces conditions, il ne peut qu’être sensible au temps encore plus long de l’occupation ancienne de ses parcelles et doit s’efforcer de sauvegarder le patrimoine qui peut y être présent, tant pour son intérêt intrinsèque que pour le transmettre aux générations futures.
François d’Alteroche (Forêt & Innovation)
* L’Atlas des patrimoines propose un accès cartographique (par la géolocalisation) à des informations culturelles et patrimoniales. Il permet de rechercher, visualiser, éditer et télécharger des données géographiques sur un territoire.