Le douglas pourrait bien devenir dans 20 ans la première essence résineuse récoltée de France
Le douglas pourrait bien devenir dans 20 ans la première essence résineuse récoltée de France (crédit photo: Pascal Charoy)

Douglas: pourquoi il se porte si bien en France

 

Après deux siècles de présence en France, le résineux originaire de la côte ouest des États-Unis d’Amérique s’impose comme une valeur sûre de la production de bois d’œuvre. Le point sur ses atouts et ses rares faiblesses dans le dernier numéro de Forêts de France.

Dans son édition d’octobre 2018, la revue de la Fédération de propriétaires forestiers privés présente un arbre surdoué qui cumule bien des qualités : le douglas. Planté massivement à la fin du XXe siècle grâce aux aides du Fonds forestier national (FFN), le douglas pourrait bien devenir dans 20 ans la première essence résineuse récoltée de France. Le volume de prélèvement a dépassé en 2017 les deux millions de m3 et les projections montrent qu’il pourrait atteindre 6 millions en 2030, soit le volume de sapin-épicéa actuellement récolté.

Monoculture versus futaie irrégulière et régénération naturelle

Il faut dire que ce pin rapporté des États-Unis au début du XIXe siècle séduit tout à la fois les sylviculteurs et les transformateurs. Il se cultive facilement, est relativement épargné par les maladies et se vend plutôt bien, au prix de 56 euros par m3 (prix moyen pour un arbre d’1,20 m3)*. Les scieurs apprécient sa cylindricité, sa rectitude, et acceptent les nœuds lorsqu’ils sont sains. Les utilisateurs, enfin, le choisissent pour sa résistance mécanique, sa jolie couleur rosée et son duramen naturellement durable qui lui ouvre des usages à l’extérieur.

Tout va pour le mieux au pays du douglas ? Presque. Comme d’autres résineux, sa monoculture se heurte aux résistances des environnementalistes qui dénoncent les coupes rases et réclament le retour des feuillus. Le film Le Temps des forêts témoigne de ce mouvement dans le Morvan ou sur le plateau de Millevaches. Le reboisement par régénération naturelle et la futaie irrégulière sont des gestions qui gomment ces inconvénients ; elles ont tendance à se développer et c’est aussi à lire dans Forêts de France.

Déroulage des gros douglas et bois contreplaqué

La forte proportion de gros bois noueux, résultant d’un défaut de sylviculture, conduisent aussi parfois propriétaires et transformateurs dans une impasse, faute de marché. Les normes de sylviculture s’adaptent aux exigences des industriels avec des plantation plus denses et moins éclaircies pour éviter les branches, donc les nœuds. Et les chercheurs travaillent sur le déroulage des gros douglas, sur le modèle de l’industrie américaine qui produit du contreplaqué de qualité.

Et l’avenir ? Il est encore à l’état de plants. Les organismes INRA, Irstea, Institut pour le développement forestier (IDF), FCBA et ONF évaluent les vergers à graines existants et préparent la relève. À partir de 2019, seront plantés les premiers vergers à graines des futures générations de douglas. Ils produiront à partir de 2035 des arbres améliorés, avec moins de branches, plus de bois de cœur, et une bonne résilience face aux changements climatiques.

Pascal Charoy (Forêts de France)

* Selon l’indicateur 2018 du prix des bois sur pied.



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