«Nous ne voulons pas mettre fin au sapin de Noël» (Didier Jeanjean, adjoint au maire de Bordeaux)

Didier Jeanjean, adjoint au maire de Bordeaux chargé de la nature en ville
Didier Jeanjean, adjoint au maire de Bordeaux chargé de la nature en ville (photo: droits réservés)
«Nous ne voulons pas mettre fin au sapin de Noël» (Didier Jeanjean, adjoint au maire de Bordeaux)

Si la nouvelle municipalité de Bordeaux ne souhaite pas renouveler la présentation du traditionnel sapin de 17 mètres sur la place de l’hôtel de ville, c’est d’abord pour des raisons économiques, selon l’élu Didier Jeanjean. Pour autant, elle ne fait pas cesser ses commandes de sapins de Noël.

 

La polémique enfle depuis que le maire de Bordeaux, Pierre Hurmic, a annoncé que Noël se ferait sans l’installation du traditionnel sapin, haut de 17 mètres, sur la place Pey-Berland. Un arbre fourni à la ville par Agro Forest Company, cultivateur de sapins de Noël basé à Ussel (Nouvelle-Aquitaine) et également actif dans l’agroforesterie.

Un arbre, « une ineptie financière »

Joint par Forestopic, l’adjoint au maire de Bordeaux chargé de la nature en ville, Didier Jeanjean, revient sur ce qui a motivé cette décision :

« Nous ne voulons pas mettre fin au sapin de Noël, mais à une ineptie financière. Nos services nous ont alertés sur le coût faramineux de l’opération. Si le sapin coûte moins de 7 000 euros, tous les à-côtés reviennent à près de 60 000 euros. Si, en plus, cela concerne un arbre que l’on va couper en Corrèze pour le transporter sur poids lourd, nous préférons rediriger le budget vers des arbres vivants de la place ou vers des dons à des œuvres caritatives. »

L’enveloppe de 60 000 euros représente le global de l’opération durant la période de Noël, y compris le prix de l’arbre, son transport en convoi exceptionnel, le montage, la mise en lumière avec 10 km de guirlandes, le gardiennage de nuit, le démontage.

« Plus de 100 sapins commandés »

Le tout « sans idéologie laïque, écolo ou autre », assure l’élu de la nouvelle équipe municipale. Preuve en est, selon Didier Jeanjean : « Nous avons conservé le même fournisseur, nous avons plus de 100 sapins commandés auprès de lui pour des crèches ou des écoles, qui les décorent elles-mêmes et qui ne nécessitent pas de gardiennage. »

Et si la ville optait pour des arbres en pots qui pourraient être replantés ensuite ? Didier Jeanjean répond :

« Un sapin en pot, pourquoi pas. J’ai envie de planter des arbres et pourquoi pas des sapins à Bordeaux. Nous allons questionner notre logique du sapin de Noël. Nous ne sommes pas contre les forestiers. Il nous faut rencontrer les producteurs. Pourquoi ne pas valoriser des producteurs “bio”. Mais, ce serait à l’horizon 2021 et cela pourrait faire l’objet d’une consultation des Bordelais, dans l’idée de faire perdurer ce moment de tradition et de communion. »

« L’arbre de Noël, une plante cultivée »

« Nous ne mettrons pas d’arbres morts sur les places de la ville », affirmait le maire Pierre Hurmic, début septembre 2020. Cette déclaration a piqué au vif l’Association française du sapin de Noël naturel (AFSNN), car « jetant l’opprobre sur toute une profession » et sur les emplois qu’elle génère, écrit dans un communiqué son président, Frédéric Naudet.

« L’arbre de Noël n’est pas un sapin sauvage déraciné en forêt mais bien une plante cultivée »,

poursuit Frédéric Naudet.

Autrement dit, cette production relève d’une activité agricole.

Jean-Marie Ballu, président de l’Association française des eaux et forêts (AFEF), complète :

« Seuls les quelques rares grands sapins sont prélevés en forêt avec précaution et sans aucun dommage. »

Jean-Marie Ballu rappelle les origines païennes du sapin, « symbole “vert” de l’éternité ». Il estime que « l’arbre de Noël est une façon d’amener une partie de la forêt au cœur des villes pour la présenter aux urbains ».

L’AFSNN, sur son site Internet, apporte des précisions sur les méthodes utilisées pour faire pousser les sapins de Noël, amateurs de sols granitiques ; l’application de chaux agricole vient « corriger l’acidité du sol », et « des engrais, de plus en plus souvent organiques », apportent une fertilisation. Diverses essences de résineux peuvent incarner cet arbre emblématique, telles que sapin de Nordmann, sapin pectiné ou épicéa.

C. C./Forestopic

Reproduction interdite sans autorisation écrite préalable.