La nuit, les arbres changent de posture et se mettent en position de sommeil. C’est ce qu’a mesuré une équipe de scientifiques d’Autriche, de Finlande et de Hongrie.
La nuit, les arbres se mettent en position de « sommeil ». Dans l’heure qui suit le coucher du soleil, l’arbre tout entier commence à s’affaisser. Un arbre de 5 m de haut peut s’incliner ainsi de 10 à 15 cm au cours de la nuit. Les branches et les feuilles suivent le même mouvement, s’abaissant de 5 à 10 cm. Puis, au lever du soleil, l’arbre retrouve sa posture initiale, en l’espace de quelques heures.
C’est la conclusion à laquelle est parvenue une équipe de chercheurs de l’Institut finlandais de recherche géospatiale, du Centre de recherche écologique de l’Académie hongroise des sciences, et de l’université technique de Vienne (Autriche). Ils viennent de publier leurs résultats dans Frontiers in Plant Science.
L’étude a porté sur des bouleaux blancs (Betula pendula), observés à l’aide d’une technologie de scanner laser terrestre (terrestrial laser scanning, TLS). Les chercheurs ont mené leurs observations sur deux sites avec 14 scans individuels en Finlande et 77 en Autriche, effectués entre le coucher et le lever du soleil.
« Le développement temporel des mouvements suit un schéma hautement similaire dans les deux expérimentations »,
Le mouvement des plantes, l’eau et Darwin
András Zlinszky, du Centre de recherche écologique hongrois, précise :
« Le mouvement des plantes est toujours intimement lié à l’équilibre hydrique des cellules individuelles, lequel est influencé par la disponibilité de la lumière via la photosynthèse. »
L’équipe de scientifiques a privilégié la lumière infrarouge du laser, plutôt que la photographie classique qui utilise la lumière visible et « interfère avec le mouvement de sommeil ».
Le rythme circadien des plantes s’avère un phénomène connu. Des fleurs se referment la nuit venue, de même que les feuilles de certains arbres. Déjà, en 1880, Charles Darwin évoquait des « mouvements de sommeil » des feuilles (La faculté motrice dans les plantes, paru en français en 1882, éd. C. Reinwald, Paris).
Selon les auteurs :
« À notre connaissance, l’étude est la première à faire état du mouvement de branche et de houppier durant la nuit à une résolution spatiale au centimètre et à moins d’une heure d’intervalle. »
D’autres expérimentations à venir
Les expérimentations, au nombre d’une par site, donc de deux au total, sont-elles suffisantes pour tirer des conclusions ? Les chercheurs envisagent, en tous cas, une prochaine étape, celle de répéter d’autres scans et de comparer les résultats avec des mesures sur la consommation d’eau pendant la nuit et le jour.
Une question reste ouverte, celle de savoir si les mouvements observés chez les bouleaux s’opèrent sous l’influence de la lumière du soleil ou s’ils répondent à l’horloge interne, biologique, des arbres.
Et si vous vous trouvez la nuit en forêt, chuuut, ne réveillez pas les arbres.
La rédaction/Forestopic
Mis à jour le 22 mai 2015.