Premier consommateur mondial de caoutchouc naturel, Michelin opte pour un engagement en faveur de l’environnement forestier. L’organisation non gouvernementale Greenpeace France apprécie cette position, mais reste vigilante sur son application.
L’industrie automobile consomme à elle seule quelque 80 % de la production mondiale de caoutchouc naturel. En tête du peloton des producteurs de pneus, le groupe Michelin annonce s’engager pour une politique d’approvisionnement « zéro déforestation » qui s’appuie notamment sur l’approche des zones à stocks de carbone élevés (« High carbon stock »). Cette méthode prévoit l’identification des forêts à protéger. Un objectif est de ne pas substituer des plantations d’hévéas aux forêts existantes.
Le manufacturier achète chaque année quelque 900 000 tonnes de caoutchouc naturel. De quoi montrer le chemin des bonnes pratiques et emmener sur ses traces les planteurs d’hévéas, en Afrique et en Asie.
Tracer la chaîne d’approvisionnement
Dans un récent document présentant ses engagements en matière de développement durable, Michelin précise qu’il vise à assurer une gestion durable et responsable de la chaîne d’approvisionnement du caoutchouc naturel. Son engagement s’inscrit dans la ligne de l’« Initiative pour un caoutchouc naturel durable », arrêtée par le groupe d’étude international sur le caoutchouc, ou International Rubber Study Group (Sustainable natural rubber initiative).
Pour ce projet, Michelin collabore avec le WWF. Selon l’organisation environnementale :
« La société a commencé un travail visant à tracer la totalité de sa chaîne d’approvisionnement. »
Le WWF appelle « les grands utilisateurs mondiaux de caoutchouc naturel » à s’engager eux aussi dans le « zéro déforestation », parmi lesquels fabricants de pneus, constructeurs du secteur automobile, opérateurs de flotte de véhicules.
Une mise en œuvre délicate
De son côté, Cécile Leuba, chargée de la campagne forêts pour Greenpeace France, prévoit une phase de mise en œuvre délicate :
« Michelin doit entamer un dialogue avec ses fournisseurs, y compris ceux qui ne sont pas conformes à ses attentes. Il doit ensuite définir une procédure pour le contrôle des pratiques. »
Parmi ces fournisseurs, Greenpeace montre du doigt Socfin, société financière des caoutchoucs (détenue à 38,75 % par le groupe Bolloré) dont le siège est au Luxembourg. Celle-ci est présente dans une dizaine de pays dont huit en Afrique. Elle est un acteur clé au Cameroun selon Greenpeace, où elle produit 56 000 tonnes de caoutchouc naturel par an. Les études cartographiques réalisées par Greenpeace montrent que dans les concessions de cette société sont présentes des forêts primaires et des forêts secondaires. L’ONG pointe le refus de Socfin à s’engager dans une non conversion de ces zones de forêts en plantations d’hévéas.
Martine Chartier/Forestopic