Pépinières Naudet, des plans pour les plants forestiers

Les plants en motte représentent le tiers de la production de Pépinières Naudet
Les plants en motte représentent le tiers de la production de Pépinières Naudet (crédit photo: Laura Deon)
Pépinières Naudet, des plans pour les plants forestiers

Le pépiniériste forestier fête ses 140 ans, marqués par plusieurs phases de diversification. Aujourd’hui, Pépinières Naudet mise sur les plants forestiers conditionnés en godets.

 

« Le bois on peut le faire pousser, mais le ciment, non. »

À sa façon, Pierre Naudet, responsable des stocks de plants forestiers chez Pépinières Naudet, résume ce qui pourra, à l’avenir, soutenir les plantations forestières. Cela vaut pour le bois de construction, et aussi le bois-énergie.

Avec à la clé, une évolution pour la PME familiale, basée à Leuglay (Côte-d’Or), et qui fête ses 140 ans en 2016. « La » tendance porteuse pour le pépiniériste ? Ce sont les plants en godets (ou plants en mottes). Selon Pierre Naudet :

« Le godet permet la réduction du cycle de production, d’1 an au lieu de 2 ans pour les plants en racines à nues, c’est-à-dire sortis de terre. Le godet permet aussi d’étendre les périodes de plantation dans l’année. Dans sa motte, le plant subit moins de stress. De ce fait, il pousse plus vite la première année et s’adaptera mieux lors de la plantation, avec des conditions de reprise optimisées. »

Le godet nécessite une gestion délicate du système racinaire des futurs arbres. À ce sujet, « il doit être produit en godets anti-chignon », précise Pierre Naudet.

Le marché en demande de plants en godets

Le marché se montre demandeur, constate le pépiniériste. Les godets représentent environ le tiers de sa production. Il entend passer à la vitesse supérieure par la conversion de surfaces aujourd’hui dédiées aux plus traditionnels plants en racines nues.

Pour les plants en godets, le vaisseau amiral de Pépinières Naudet se trouve aujourd’hui dans sa serre girondine de Préchac. Elle en produit depuis 2011, à hauteur de 5 millions de plants de résineux par an, du pin maritime, et aussi pin sylvestre, pin corse, pin noir d’Autriche, pin noir de Calabre, douglas ou cèdre. Le site a alimenté des plantations forestières post-tempête et est susceptible de le faire encore pour 2 ans.

Six générations de pépiniéristes

C’est une nouvelle évolution pour Pépinières Naudet. Depuis presqu’un siècle et demi, la PME fait pousser les plants qui, après 1 à 4 ans en pépinière, donnent naissance aux arbres des forêts. En 140 ans, six générations se sont succédé dans une aventure qui, dès ses débuts, se consacre aux plants forestiers.

Une première diversification intervient après-guerre. À la faveur du fonds forestier national, créé en France par une loi de 1946, Naudet se lance dans le reboisement. Cette activité s’est élargie, depuis, à la restauration ou à la mise en valeur de milieux naturels, de type zones humides ou sols dégradés. En 1980, le pépiniériste-reboiseur produit ses premiers plants en godets, en l’occurrence des plants forestiers et truffiers adaptés au climat méditerranéen.

Ensemencement mycorhizien, compensation carbone

En 2006, l’entreprise ouvre un laboratoire pour la production d’inoculum mycélien, grâce à une technologie de l’INRA, afin d’ensemencer des plants avec Laccaria bicolor, un champignon mycorhizien.

Pépinières Naudet s’est aussi mis sur des projets volontaires de compensation carbone à la vente en ligne, au début des années 2010. Dans le cadre de la responsabilité sociétale des entreprises (RSE), il est alors proposé aux entreprises de financer des projets de boisement ou reboisement, avec une certification Ecocert Environnement (qui porte sur le management environnemental) et un suivi sur 10 ans.

20 millions de plants par an
Pépinières Naudet compte aujourd’hui :
– 750 références de jeunes plants à son catalogue (dont 600 de feuillus)  ;
– 20 millions de plants forestiers produits par an, dont un tiers de feuillus et deux tiers de résineux ; ils se répartissent entre 7 millions de plants en godets et 13 millions en racines nues ;
– deux sites de production pour les plants en godets, à Préchac (résineux) et à Lambesc (moitié résineux, moitié feuillus)  ;
– quatre pépinières forestières sur 400 ha au total, à Lambesc (Bouches-du-Rhône), Préchac (Gironde), Autun (Saône-et-Loire), Chéu (Yonne) ;
– un quart des plants produits captés par l’international, surtout en Europe ;
– 500 ha dédiés au sapin de Noël, dans le Morvan ;
– 3 000 à 4 000 ha reboisés par an.

Des perspectives pour la mécanisation

Et la mécanisation ? Pierre Naudet répond :

« La mécanisation de la plantation permet, avec un conducteur d’engin, de planter plus vite. Nous y trouvons un intérêt, et le propriétaire aussi, lorsque des surfaces suffisamment importantes rendent possibles des investissements dans des machines et leur transport. »

C’est peut-être encore une étape en perspective. Pépinières Naudet réalise aujourd’hui un chiffre d’affaires de 18 millions d’euros par an, et compte 200 collaborateurs en équivalent temps plein (permanents ou saisonniers).

Chrystelle Carroy/Forestopic

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