Recherche forestière: trois priorités pour l’INRA

Le département de recherche «  écologie des forêts, prairies et milieux aquatiques » (EFPA) de l’INRA rassemble quelque 500 agents
Le département de recherche « écologie des forêts, prairies et milieux aquatiques » (EFPA) de l’INRA rassemble quelque 500 agents (crédit photo: INRA).
Recherche forestière: trois priorités pour l’INRA

L’évaluation des services écosystémiques, l’adaptation des forêts au changement climatique ou encore la variabilité des propriétés du bois, figurent parmi les axes de recherche de l’INRA.

 

Évolution des forêts face aux changements globaux (climatiques, sociétaux…), optimisation de la production de bois… le département de recherche « écologie des forêts, prairies et milieux aquatiques » (EFPA) de l’INRA a dressé sa feuille de route pour la période 2016-2020. Elle répond au document d’orientation « INRA 2025 », publié par l’institut fin 2016. Cette stratégie « forêt-bois » a quelques mois d’existence, puisque sa finalisation date du printemps 2017. Elle s’organise autour de trois « défis ».

  1. Gestion durable des ressources et des services écosystémiques

Le défi 1 de la stratégie de l’EFPA a pour objet d’« éclairer la décision et raisonner les compromis pour assurer une gestion durable des ressources et des services écosystémiques qui leur sont associés ». Avec un fil conducteur, l’évaluation écologique des services écosystémiques. Les chercheurs entendent aussi s’intéresser à la dimension économique ou sociale de ces services, dans le cadre de partenariats.

Le sol, l’eau, les plantes, la faune aussi bien que l’atmosphère, sont pris en compte. Et ce, à différentes échelles, temporelles (y compris par des approches rétrospectives), spatiales, ou selon divers niveaux d’organisation du vivant.

Des travaux doivent identifier des voies pour accroître le stockage de carbone dans les sols, dans l’optique d’atténuer le changement climatique (initiative « 4 pour 1 000 »). D’autres axes de recherche portent sur les échelles spatiales pertinentes pour la gestion, ou sur le rôle fonctionnel de la biodiversité.

Un nouveau laboratoire pour l’amélioration génétique des arbres
Au sein de l’INRA, un nouveau laboratoire se consacre à l’amélioration génétique des arbres. Inauguré en mai 2017 à Orléans, il a nécessité un investissement d’1,8 million d’euros. Le « laboratoire d’ingénierie cellulaire de l’arbre » ou LICA accueille des expérimentations en milieu confiné sur des arbres transgéniques. L’objectif ? Mieux comprendre les gènes et la façon dont ils interviennent dans le développement et la croissance des arbres.

  1. Les systèmes biologiques face aux perturbations et contraintes de l’environnement

Le défi 2 de l’EFPA consiste à « évaluer la résistance et la résilience des systèmes biologiques aux contraintes de l’environnement, réduire leur vulnérabilité et favoriser leur adaptation ». Comment les forêts et les forestiers vont-ils faire face aux changements globaux en cours ?

Il s’agit aussi bien des changements climatiques ou environnementaux (pollutions, composition atmosphérique, biodiversité, invasions biologiques...), que sociétaux (utilisation des terres et du paysage, mondialisation des échanges, utilisation accrue des ressources naturelles…). L’EFPA travaille sur les risques physiques, chimiques, biotiques (insectes ravageurs, pathogènes, gibier…) et abiotiques  (tempêtes, incendies…).

Là aussi, la recherche intègre la définition de stratégies de gestion. Ces stratégies s’avèrent assistées par l’homme ; ou alors elles relèvent de la plasticité des organismes (phénotypique), de leur migration ou de l’évolution adaptative.

« La pertinence et la durabilité de certaines pratiques ou associations de pratiques sont aussi évaluées », précise la feuille de route.

France-Chine : création d’un laboratoire sur la santé des forêts
Créer un laboratoire international associé sur la santé des forêts, c’est l’objet d’un accord conclu, début janvier 2018, entre l’INRA et l’université forestière de Pékin. Pour le signer, Philippe Mauguin, PDG de l’institut français, a fait le déplacement en Chine, aux côtés du ministre de l’Agriculture, Stéphane Travert, et de Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, à l’occasion du voyage dans le pays du président de la République, Emmanuel Macron. L’accord franco-chinois prévoit «  un dispositif de surveillance des pathologies grâce à des arbres “sentinelles” », indique le ministère français de l’Agriculture.

  1. Optimiser la production durable de bois par les systèmes forestiers

Le défi 3 porte la production de bois comme ligne d’horizon. Il englobe tous modes de production, régénération naturelle, semis ou plantation forestière, ainsi que l’ensemble des usages du bois – bois d’œuvre, de trituration, bois énergie, chimie.

Comment des sylvicultures innovantes et durables peuvent-elles contribuer à augmenter la productivité des forêts, en termes de taux de récolte du bois ou de taux d’accroissement de la biomasse ? C’est l’une des questions explorées par cette thématique. Elle intègre aussi les ressources génétiques forestières, les représentations sociales sur la gestion forestière, la caractérisation des peuplements forestiers et leurs trajectoires futures, la variabilité des propriétés du bois.

Réparti en 37 unités, le département EFPA de l’INRA rassemble quelque 500 agents, sans compter les doctorants et postdoctorants.

C. C./Forestopic

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