Le plan national forêt-bois 2016-2026 entre dans sa phase de consultation du public. Le ministère chargé de la forêt vient de produire une nouvelle mouture de ce document cadre.
Le ministre en charge de la forêt, Stéphane Le Foll, lance la consultation du public sur le projet de programme national de la forêt et du bois (PNFB) 2016-2026. Du 17 octobre au 7 novembre 2016 inclus, tout un chacun peut adresser ses remarques sur le PNFB au ministère de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la Forêt (MAAF).
Au préalable, le MAAF a revu et corrigé le programme en proposant des modifications, suite à l’évaluation de l’Autorité environnementale, sans modifier la teneur générale du PNFB, déjà validé par le Conseil supérieur de la forêt et du bois. Les ajouts et commentaires ministériels sont présentés dans un « mémoire ».
1. Comment sont définis les objectifs de mobilisation du bois ?
Une nouvelle rédaction du PNFB précise la méthode utilisée pour chiffrer l’objectif de 12 millions de mètres cubes de bois additionnels, récoltés en 2026. Le PNFB se base ainsi sur la récente étude prospective Ademe-IGN-FCBA qui examine la mobilisation du bois d’ici à 2035. Mais, il se rapporte à l’échelle temporelle du programme, donc 10 ans. Cela comprend la récolte du quart des menus bois – le reste étant laissé au sol – ; c’est deux fois moins que ce prévoit l’étude Ademe, en raison des techniques actuelles d’exploitation, selon le ministère.
2. Où récolter du bois en priorité ?
Le bois est à mobiliser en priorité dans les forêts vieillissantes et les accrus forestiers. Cela vaut aussi pour les forêts où le changement climatique aura des conséquences à court ou moyen terme ; pour ce dernier cas, la dernière mouture du PNFB détaille les diagnostics de vulnérabilité à effectuer.
La récolte reste moindre dans les forêts à fort enjeu environnemental.
Quant à la déclinaison du plan en régions, le PNFB donne des indications sur la façon dont les efforts se répartissent entre les territoires.
Le ministère introduit la prise en compte de l’impact sur les sols, outre l’effet sur la biodiversité et le cycle de l’eau qui était déjà inscrit dans le PNFB. Les plans régionaux doivent veiller à cette dimension environnementale, « notamment pour ce qui concerne les plantations d’essences valorisées par le marché » (résineux, peupliers). Par ailleurs, les plans régionaux font aussi l’objet d’une évaluation environnementale.
3. Et si le plan forêt-bois n’existait pas ?
Que se passerait-il si le programme forêt-bois n’existait pas ? L’Autorité environnementale pose la question.
L’état initial des forêts, par rapport à leur évolution attendue, est à trouver dans le dernier rapport de l’IGN sur les indicateurs de gestion durable des forêts françaises métropolitaines. Un ajout dans le PNFB évalue la production biologique annuelle de bois en forêt à 90 millions de mètres cubes.
Sans le PNFB, les forêts françaises continueraient à s’étendre sans pour autant être valorisées. Le ministère argumente en ce sens, dans son « mémoire » :
« Sans la mise en place du PNFB, l’hypothèse d’une poursuite de l’augmentation des surfaces boisées et de l’accroissement des volumes de bois sur pied à l’hectare dans les années à venir semble très fortement probable en lien à la fois avec l’expansion naturelle, la conversion en futaie et l’âge croissant des peuplements existants. »
« Le temps de la récolte est venu », clamait déjà le programme forestier national (PFN) 2006-2015. Ses objectifs de mobilisation du bois n’ont pas été atteints. Le PNFB fera-t-il mieux ? Le ministère commente : « Il ne s’agissait que de recommandations sans base juridique, sans plan d’action correspondant, sans déclinaison territoriale, sans indicateurs ni instance de suivi de leur mise en œuvre ». Ce sont autant d’éléments qui doivent différencier le PNFB de son prédécesseur.
4. Qu’est-ce que la gestion durable des forêts ?
En réponse à l’Autorité environnementale, le ministère propose d’insérer une définition de la « gestion durable des forêts » qui évoque aussi la multifonctionnalité des milieux forestiers. Il adopte la définition de la conférence interministérielle de 1993 à Helsinki sur la protection des forêts en Europe, soit :
« La gérance et l’utilisation des forêts et des terrains boisés, d’une manière et à une intensité telles qu’elles maintiennent leur diversité biologique, leur productivité, leur capacité de régénération, leur vitalité et leur capacité à satisfaire, actuellement et pour le futur, les fonctions écologiques, économiques et sociales pertinentes aux niveaux local, national et mondial ; et qu’elles ne causent pas de préjudices à d’autres écosystèmes. »
5. Quelle cohérence avec les autres programmes ?
Le ministère apporte des précisions sur la façon dont le plan forêt-bois s’articule avec d’autres programmes, tels que le contrat stratégique de la filière bois ou la stratégie européenne sur la biodiversité. Autre exemple, la création d’un pôle de R&D sur les ressources génétiques forestières vient en écho au plan national d’adaptation au changement climatique (Pnacc).
La consultation du public constitue la dernière étape avant la validation par décret du PNFB, prévue d’ici à la fin 2016. En parallèle, des travaux sont en cours, afin d’enrichir la liste des indicateurs qui serviront au suivi de ce plan. Et les programmes régionaux de la forêt et du bois sont en préparation.
Chrystelle Carroy/Forestopic
Pour aller plus loin : la page Web du MAAF regroupant les documents de la consultation du public et le courriel auquel adresser ses observations.