L’ONF va investir dans Flying Whales, développeur de dirigeables

Le dirigeable de Flying Whales peut transporter jusqu’à 60 tonnes
Le dirigeable de Flying Whales peut transporter jusqu’à 60 tonnes (illustration: vue d’artiste/Flying Whales)
L’ONF va investir dans Flying Whales, développeur de dirigeables

Pour récolter le bois des forêts peu accessibles, le dirigeable paraît prometteur. Au point que l’ONF s’intéresse de près à la société Flying Whales qui conçoit un modèle de gros gabarit.

 

Transporter du bois par dirigeable ! C’est le projet que conduit Flying Whales. La société, basée en région parisienne, développe, avec un consortium industriel, une machine géante capable de transporter des charges lourdes par la voie des airs. Elle prévoit un premier vol d’ici à 2021.

L’Office national des forêts (ONF) entend entrer au capital de Flying Whales, par le biais de sa filiale ONF Participations. L’opération doit être finalisée par la signature d’un accord entre les deux parties, annoncée comme une simple formalité.

L’ONF projette une prise de participation d’un montant « symbolique » qui lui permettra d’être présent au conseil d’administration de l’entreprise.

Sortir les grumes de la forêt sans route, ni piste d’atterrissage

Long de 140 mètres, le colosse de Flying Whales peut transporter jusqu’à 60 tonnes à la fois. LCA60T, c’est son nom, de l’anglais « Large capacity airship » (aéronef de grande capacité). Il présente l’intérêt de pouvoir sortir les grumes des forêts peu accessibles, en montagne par exemple, sans avoir besoin d’infrastructure au sol. Ni route, ni chemin de fer, ni piste d’atterrissage.

Thibault Proux, ingénieur aéronautique chez Flying Whales, décrit le fonctionnement de l’engin :

« Nous pourrons transporter jusqu’à 60 tonnes de bois en soute et procéder à une rotation là où un hélicoptère en ferait 20, avec une capacité de cinq rotations par jour. Le chargement et le déchargement sont stationnaires. Autrement dit, la machine se stabilise sans se poser et un système de treuil fait monter et descendre la charge. »

L’hélium, un gaz plus léger que l’air, assure la portance du dirigeable. La propulsion, en cours de développement, s’oriente vers une technologie thermique, utilisant du kérosène aéronautique. Le consortium vise une consommation de carburant, à la tonne kilométrique transportée, qui soit inférieure à celle des autres modes de transport du bois.

« Sans bouleverser le travail des bûcherons »

Un utilisateur tel que l’ONF achètera des heures de vol, « à un prix compétitif par rapport à l’hélicoptère », assure Flying Whales.

Le partenariat avec l’établissement public ne date pas d’aujourd’hui. En témoigne Thibault Proux :

« Cela fait près de 5 ans que nous sommes en discussion avec l’ONF qui est à l’origine du projet. La machine est conçue pour réenclencher l’exploitation forestière française, sans bouleverser les méthodes de travail des bûcherons. »

L’assemblage de l’appareil doit se faire dans une nouvelle usine à Istres (Bouches-du-Rhône). Impulsé par le programme gouvernemental « Nouvelle France industrielle », le LCAT60 a un coût global de 200 millions d’euros.

Pour Flying Whales, le soutien tangible de l’ONF apporte un gage de plus pour sa crédibilité. L’intégrateur compte déjà, parmi ses actionnaires, le marocain Marita Group et le groupe aéronautique chinois Avic General Aircraft. Il pense à la suite de son aventure industrielle et envisage d’élargir ses marchés, à d’autres types de forêts et à d’autres applications pour les régions enclavées.

Chrystelle Carroy/Forestopic

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