Sécurité. Vers un maillage des forêts en points de secours

Des points de rencontre des secours existent déjà en forêt, en particulier en Lorraine, dont certains signalés par un panneau (photo droits réservés)
Des points de rencontre des secours existent déjà en forêt, en particulier en Lorraine, dont certains signalés par un panneau (photo droits réservés)
Sécurité. Vers un maillage des forêts en points de secours

Trouver en un instant le point de rencontre des secours le plus proche, en cas d’accident en forêt. C’est l’objet d’un projet collaboratif qui se lance, incluant la création d’une application mobile.

 

La forêt, c’est la sécurité ? En cas d’accident, la rapidité d’arrivée des secours peut sauver des vies. « Chaque minute compte », relève Tammouz Eñaut Helou, chargé des travaux et services forestiers et ruraux à la Fédération nationale entrepreneurs des territoires (FNEDT).

C’est l’enjeu d’un projet collaboratif visant à déployer, dans les forêts françaises, un point de rencontre des secours tous les 6 km environ. Avec, à l’appui, une cartographie numérique.

L’initiative vient de se lancer, sous la houlette de la FNEDT, de l’union des coopératives forestières UCFF, de l’Office national des forêts (ONF) et de la fédération des communes forestières FNCOFOR. Avec des partenaires, dont la Caisse centrale de la mutualité sociale agricole (CCMSA) ou l’IGN. Elle reçoit un soutien de France Bois Forêt (FBF), à hauteur de 88 000 euros, soit 80 % de l’enveloppe globale de ce programme.

Les professionnels de la forêt, premiers concernés

Le nombre des intervenants en forêt – les premiers concernés par l’initiative – est loin d’être anecdotique. Ne serait-ce que parmi les seuls coordonnateurs du projet. Les entrepreneurs de travaux forestiers sont au nombre de 7 700. Quelque 6 000 agents de l’ONF travaillent en forêt au quotidien, en équipe pour les ouvriers forestiers et sylvicoles et en solo pour les techniciens forestiers territoriaux. Et les coopératives comptent un millier de salariés sur le terrain.

Les élus locaux aussi sont en première ligne, explique Alain Lesturgez, directeur général de la FNCOFOR :

« Les maires sont souvent les premiers mis à contribution en cas d’accident en milieu rural, surtout en forêt. Ils pourront jouer le rôle d’ambassadeurs pour proposer des points de rencontre ou les faire connaître. »

Points de secours et obligation réglementaire

La plateforme numérique doit pouvoir répondre en partie à l’arrêté du 31 mars 2011. Le texte prescrit les informations à faire figurer sur les cartes ou croquis de chantier, dont la déclaration des points de secours et des indications pour y accéder.

Aussi, Julien Bluteau, secrétaire général de l’UCFF, voit dans le projet un double intérêt :

« Plutôt que de remplir des fiches administratives, nous, organisations professionnelles, avons souhaité intégrer les technologies mises au service de la sécurité, pour limiter le temps d’accès des secours. Car aujourd’hui, il est en moyenne de 13 minutes au niveau national, contre 25 minutes en forêt. »

Un projet en trois étapes

Les partenaires prévoient de travailler en trois étapes, d’ici à la fin 2019 :

  1. la définition harmonisée d’un « point de rencontre des secours en forêt ». Les critères envisagés comprennent une couverture par le réseau de téléphonie mobile, la présence d’une voie carrossable, l’espace nécessaire pour le stationnement et le retournement de deux véhicules de secours. Dans cette étape, l’avis du ministère de l’Intérieur est attendu, plus précisément de sa direction générale de la Sécurité civile et de la Gestion des crises ;
  2. la géolocalisation et le référencement des points de secours. Pour identifier les points, sont mis à contribution le réseau des organisations pilotes du projet et « tous les réseaux volontaires, signale Tammouz Eñaut Helou, par exemple du Centre national de la propriété forestière (CNPF), des propriétaires privés, des papetiers, de la Fédération nationale du bois (FNB) », voire des randonneurs, des chasseurs et autres parcs naturels régionaux. Les coordonnateurs transmettent ensuite les données aux pompiers, soit les services départementaux d’incendie et de secours (SDIS) ;
  3. la publication de la cartographie des points de secours sur le géoportail national et le développement d’une application mobile gratuite pour la visualisation des points.

L’IGN propose ici son concept de « guichet collaboratif », comme pour les scolytes. L’institut met à disposition ses données cartographiques qui peuvent se personnaliser « pour quelques milliers d’euros ».

Un outil pour tous les utilisateurs de la forêt

Le projet étend, à l’échelle nationale, une démarche initiée en Lorraine (Grand Est), où plus de 3 000 points de secours sont identifiés.

Christophe Felder, chef de mission intercommunale à l’ONF et partie prenante du projet pour l’Office, y voit de futurs élargissements en perspective, une fois les points référencés :

« Nous pourrons en ouvrir l’accès à tous les utilisateurs de la forêt. Peut-être qu’ensuite, lorsque l’outil sera robuste, il pourrait servir à un recensement exhaustif, au-delà du simple périmètre forestier. »

En complément de la plateforme digitale, libre ensuite aux parties prenantes ou aux acteurs locaux de financer la réalisation et la pose de panneaux de signalisation sur le terrain.

C. C./Forestopic

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