Surveiller, éradiquer, prévenir, c'est la triple approche qui prévaut désormais à l'échelle nationale pour sauver les platanes, décimés par le chancre coloré. Une nouvelle réglementation vise à enrayer cette maladie du platane.
C’est l’hécatombe parmi les platanes. À Sète, Avignon ou Carcassonne… on ne compte plus les villes du sud de la France qui ont dû s’en remettre à l’abattage des arbres touchés par le chancre coloré, cette maladie qui décime les platanes. Sans compter quelque 10 000 platanes bordant le canal du Midi, anéantis – Voies Navigables de France y conduit une replantation avec d'autres essences.
Dans ce contexte, un arrêté paru au Journal officiel du 6 janvier 2016 harmonise la lutte contre Ceratocystis platani, le champignon à l’origine du chancre coloré. Les mesures, préventives et curatives, s’organisaient jusqu’alors au niveau régional. Elles sont désormais les mêmes pour toute la France. L’arrêté rend obligatoire la lutte contre le chancre coloré, en trois grandes étapes.
1. Surveiller les platanes
Surveiller les platanes relève de la responsabilité de toute personne qui détient ce type d’arbre ou s’en est vu confier la gestion. Dès l’apparition de symptômes, suspectés ou avérés, elle doit en avertir le préfet de région.
En présence de platanes malades, un arrêté préfectoral délimite une « zone infectée », sur un rayon de 35 mètres minimum, et une « zone tampon ».
Après la disparition des symptômes, la surveillance doit durer 10 ans sur l’ensemble du périmètre. Et, pendant 10 ans, il y a interdiction de planter des platanes dans la zone infectée.
Le ministère de l’Agriculture indique :
« L'interdiction de replantation correspond au délai de rémanence de l'organisme dans le sol établi à 10 ans. »
2. Éradiquer le chancre coloré
La destruction des arbres reste la seule action permise en zone infectée.
L’arrêté paru le 6 janvier 2016 précise :
« Le propriétaire fait procéder à l’abattage, au dessouchage ou à la dévitalisation des souches puis à la destruction par incinération des platanes présents dans la zone infectée. »
L’arrêté rend possible des expérimentations, à condition que celles-ci reçoivent l'autorisation du directeur général de l'Alimentation.
3. Prévenir l’apparition du chancre coloré
Enfin, le même arrêté liste les mesures à prendre pour éviter la propagation du chancre coloré, notamment :
– nettoyer et désinfecter les outils et les engins qui sont en contact avec les platanes ou « à proximité » de ces derniers ;
– appliquer du fongicide ou « une préparation protectrice » sur les blessures ouvertes des arbres situés en zone infectée et en zone tampon.
En complément, l’arrêté interdit la vente ou la cession de platanes infectés.
De quoi, supposons, en finir avec le chancre coloré, mais pas avec les platanes.
Chrystelle Carroy/Forestopic