La presse s’alarme de l’utilisation de glyphosate en forêt. PEFC entend lancer des contrôles sur les usages de cet herbicide qui s’avéreraient contraires à son label de gestion forestière durable.
« Le conseil d’administration de PEFC a décidé d’enclencher une réflexion sur le glyphosate et de contrôler toutes les présomptions d’usage dont nous avons connaissance. »
Christine de Neuville, présidente de PEFC Nouvelle-Aquitaine et nouvellement élue présidente de PEFC France, fait ainsi part de la résolution adoptée, le 26 septembre 2018, par l’organisation de certification de gestion durable des forêts.
C’est la presse régionale qui a sonné l’alerte, relayant les inquiétudes d’apiculteurs et d’associations environnementales. Le traitement avec l’herbicide aurait couvert 2 000 hectares en forêt des Landes de Gascogne (Nouvelle-Aquitaine), d’après un article du 30 août 2018 de France Bleu Gironde. Une pratique décriée par le Syndicat des sylviculteurs du Sud-Ouest (SSSO) qui propose de créer un label bio.
PEFC autorise un usage restreint des phytosanitaires
Le cahier des charges de PEFC France n’interdit pas les produits phytosanitaires. Il en circonscrit l’utilisation à trois cas de figure :
– « lorsque la vitalité et l’avenir des essences-objectifs sont compromis et qu’il n’existe pas d’alternative efficace à un coût raisonnable ;
– « à des fins de débroussaillement et de DFCI* ;
– « pour éviter le tassement des sols fragiles par le passage répété d’engins lourds ».
Les herbicides ou les insecticides restent proscrits à proximité des milieux aquatiques ou lorsqu’ils peuvent compromettre un habitat naturel remarquable.
Par ailleurs, l’épandage de ces intrants à des fins professionnelles nécessite de détenir un certificat d’aptitude Certiphyto, délivré à la suite de l’obtention d’un diplôme, d’une formation ou d’un test de connaissances.
« Beaucoup de mal à faire remonter les plaintes »
L’association PEFC ne lance de tels audits que lorsqu’elle reçoit des plaintes. Or, « nous avons beaucoup de mal à faire remonter les plaintes », relève Christine de Neuville. Mais, cette fois-ci, l’organisation entend se saisir sans attendre. « Nous disposons d’éléments suffisants, notamment des photographies dans les journaux », considère sa présidente.
Le contrôle de pièces administratives, des factures en particulier, doit permettre d’établir les faits. Le non-respect avéré des règles de PEFC entraînerait, pour les intéressés, l’exclusion et le retrait du label.
La phytopharmaceutique, « quasiment jamais utilisée en forêt »
L’organisation annonce qu’elle va contrôler les parcelles d’Henri de Cerval, par ailleurs président de la coopérative Alliance Forêts Bois, et qui s’est exprimé à ce sujet au micro de France Bleu. Mais, il ne serait pas le seul en cause.
Hervé Le Bouler, responsable des questions forestières chez France Nature Environnement (FNE) – et par ailleurs vice-président de PEFC France –, approuve la démarche :
« La presse a cité des noms. Il paraît logique d’enquêter sur la réalité des faits. De telles pratiques, si elles se confirment, s’avèrent inacceptables au niveau de la nature et de la société. »
Christine de Neuville poursuit :
« La tonification du pin maritime est une technique dépassée qui a 30 ans d’âge et qui n’est pas prévue dans notre référentiel. Le girobroyeur peut produire le même effet. »
Le glyphosate fait couler de l’encre, risquant de jeter l’opprobre sur la gestion forestière. « De fait, les produits phytosanitaires ne sont quasiment jamais utilisés en forêt », estime Christine de Neuville.
France 3 s’est aussi fait l’écho, dans un article du 15 septembre 2018, du recours à ce produit par l’Office national des forêts (ONF) dans les Hauts-de-France, mais l’établissement public y précise que son utilisation reste exceptionnelle.
Chrystelle Carroy/Forestopic
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