«De nouvelles matières issues de la forêt» (Biolie)

De la faîne de hêtre sont tirés une huile, un extrait aqueux, une fraction solide, par un procédé de biotechnologies
De la faîne de hêtre sont tirés une huile, un extrait aqueux, une fraction solide (crédit photo: Biolie)
«De nouvelles matières issues de la forêt» (Biolie)

Après la graine de sapin, Biolie valorise la faîne de hêtre par les biotechnologies. La start-up, prête à expérimenter d’autres produits de la forêt, se développe aussi à l’international.

 

« Nous travaillons constamment sur de nouvelles matières issues de la forêt », lance Nicolas Attenot, président et cofondateur de Biolie, une start-up basée à Nancy et spécialisée dans la valorisation des végétaux par les biotechnologies, grâce à une extraction enzymatique.

Après la graine de sapin, Biolie s’intéresse à la faîne de hêtre. La jeune entreprise, créée en 2012, vient de déposer un brevet sur un extrait aqueux issu des graines brunes que le hêtre délivre à l’automne. Il existe déjà de l’huile alimentaire, tirée de ce fruit du hêtre grâce à une pression à froid. Connue pour ses qualités comestibles, la faîne apparaît même dans la littérature ; Balzac ou Colette en font état.

Or, Biolie vise le haut-de-gamme et la valorisation maximale. Selon Nicolas Attenot :

« Notre technologie sépare et extrait la molécule hydrophile, les polyphénols antioxydants, alors qu’avec la pression à froid traditionnelle, ces composants restent dans les matières solides résiduelles ou tourteaux. »

Applications cosmétiques ou alimentaires

Les enzymes sont la pièce maîtresse du procédé de Biolie. Mises en réaction avec de l’eau et les faînes de hêtre broyées, elles permettent de libérer des molécules d’intérêt. Biolie obtient une huile, un extrait aqueux, une fraction solide.

L’extrait aqueux intéresse l’industrie cosmétique grâce à ses propriétés anti-âge. L’huile de faîne de hêtre se destine à des applications alimentaires ou cosmétiques. Reste la fraction solide qui pourrait être valorisée en poudre exfoliante pour la peau. À défaut, elle peut subir une méthanisation pour produire de l’énergie notamment, selon un concept de bioraffinerie.

De la forêt au laboratoire

La start-up se fournit auprès de forestiers français. Et elle se dit prête à de nouvelles expérimentations :

« Nous sommes ouverts à toutes sortes de nouveaux approvisionnements, feuilles, graines, écorces, racines, sous réserve du respect de notre cahier des charges, par exemple en termes de fraîcheur, et en fonction du filtre réglementaire et concurrentiel »,

souligne Nicolas Attenot.

Biolie prépare d’ailleurs de nouveaux ingrédients pour fin 2016 ou début 2017 dans le champ des cosmétiques et des compléments alimentaires, après les avoir testés dans ses laboratoires.

Avec ses huit collaborateurs, l’entreprise issue du laboratoire d’ingénierie des biomolécules (LIBio) de l’université de Lorraine, se développe à l’international. Elle cible aussi bien l’Europe que l’Amérique du Nord et du Sud, ou l’Asie. De quoi propager une image high-tech de la forêt.

Chrystelle Carroy/Forestopic

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