Du reboisement à la construction en bois français, Néosylva marie l’investissement forestier et la promotion immobilière. En cours de création, la société vient de lever plus de 500 000 euros.
Néosylva vient de lever plus de 500 000 euros auprès d’investisseurs privés du secteur immobilier. Cette société, en cours de création près de Nantes (Pays-de-la-Loire), propose un nouveau modèle économique. Son credo ? Investir à la fois dans le renouvellement de forêts peu productives et dans la construction bois, tout en intégrant l’usage de bois français.
Son activité allie les compétences de ses deux fondateurs, Alexandre Bibas, promoteur immobilier, et Jean-Guénolé Cornet, ingénieur forestier, ex-directeur d’ONF International. Ce dernier en résume la philosophie :
« Notre but est d’intervenir sur l’amont et l’aval de la filière avec ce qui crée le plus de valeur, c’est-à-dire le bois en construction. »
« Alignement d’intérêt » avec le propriétaire forestier
Du côté des forêts, un contrat lie le propriétaire forestier privé volontaire et Néosylva, pour des surfaces de 10 hectares minimum. Il s’étale sur la durée d’une rotation forestière, 50 ou 60 ans. Les deux parties financent, chacune à 50 %, les travaux forestiers. Elles se partagent en parts égales les recettes des ventes de bois, découlant des récoltes intermédiaires et de la coupe finale, en sylviculture dite régulière – les recettes de la coupe initiale vont à 100 % au propriétaire.
« Nous ne facturons aucun honoraire. Nous nous rémunérons sur les ventes de bois. Du fait de l’association de long terme, nous garantissons une gestion optimale des forêts dans le temps. Ceci dans un alignement d’intérêt avec le propriétaire. Car autant que lui, nous avons intérêt à ce que la plantation forestière soit valorisée le mieux possible »,
Première étape ? Une coupe rase, dans l’optique d’une amélioration des peuplements forestiers. Néosylva se charge ensuite d’accompagner le propriétaire dans la tenue de ses documents de gestion durable. L’entreprise effectue les formalités pour obtenir les subventions disponibles et pilote la gestion forestière, en suivant la certification PEFC.
Des réflexions ont cours, en vue d’intégrer un volet écologique à ces activités.
Néosylva vient-il concurrencer les acteurs existants ? Non, répond Jean-Guénolé Cornet :
« Nous externalisons la gestion forestière auprès des entrepreneurs de travaux forestiers, des gestionnaires, des experts ou des coopératives. »
Un partenariat est en préparation avec une autre start-up, Sylvamap, pour bâtir un suivi numérique de l’ensemble. Par ailleurs, le propriétaire se voit encouragé à adhérer à la fédération de forestiers privés Fransylva, afin de « favoriser l’intégration de la filière », précise Jean-Guénolé Cornet.
Massification des parcelles et des essences
Néosylva circonscrit son activité à la région des Pays-de-la-Loire et à une partie de la Bretagne. Ceci pour des raisons économiques, explique Jean-Guénolé Cornet :
« Il nous faut créer des économies d’échelle, en vue de disposer de grandes quantités de bois autour d’unités de transformation. Nous sommes en discussion avec plusieurs scieries. »
Dans cette même logique de massification et d’approvisionnement du marché, Néosylva se limite à un panel réduit d’essences d’arbres, des résineux (douglas, pin, voire épicéa de Sitka, cèdre), ainsi que des feuillus (peuplier, voire robinier). Le chêne ne figure pas au programme. Avec son cycle de 120 ans voire plus, il se trouverait étriqué, même dans des contrats longs d’un demi-siècle. Les feuillus qui ne disposent pas de normes constructives pourront venir en renfort pour leurs qualités esthétiques, par exemple en lambris, en aménagement intérieur.
Pour la commercialisation des bois, Néosylva prend aussi en compte les planifications de coupe des parcelles dont elle n’a pas la gestion, mais qui sont détenues par les propriétaires forestiers avec qui elle contractualise.
De la construction en bois pour toute la France
Pas de limite géographique en revanche, pour les projets de construction bois. Néosylva entend les mener dans toute la France. Pour l’immobilier, la start-up table sur des cycles d’investissement de 1 à 4 ans, le temps d’acquérir un terrain ou un bâtiment à rénover, de concevoir l’ouvrage en bois, en faisant intervenir des bureaux d’études, des architectes, puis de déposer le permis de construire, et de vendre le projet sur plan ou l’édifice déjà construit.
« Nous prévoyons un minimum de 80 % de bois français dans nos constructions, c’est-à-dire du bois qui a poussé et a été transformé en France. Nous le ferons a fortiori avec du bois des forêts que nous avons en gestion »,
L’entrepreneur reste confiant sur un tel investissement de long terme : « Le bois de qualité trouve toujours un acheteur. »
De premiers contrats sont prêts à être signés avec des propriétaires forestiers. Un premier permis de construire est en projet en Île-de-France. Et dans l’optique de levées de fonds futures, Néosylva est en discussion avec Forinvest et avec des fonds d’impact (dont les investissements recherchent des retombées sociales, économiques ou environnementales).
Chrystelle Carroy/Forestopic
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