Les forêts françaises dans une transition «imprévisible» (IGD 2020)

Surface des forêts de France métropolitaine
Les forêts de France métropolitaine ont progressé de 3 millions d’hectares entre 1981 et 2015 (infographie Forestopic)
Les forêts françaises dans une transition «imprévisible» (IGD 2020)

Tous les 5 ans, l’IGN réalise une radiographie des forêts de France métropolitaine. L’édition 2020 des Indicateurs de gestion durable, qui vient de paraître, fait ressortir des tendances clés.

 

Les Indicateurs de gestion durable des forêts (IGD 2020)*, que vient de publier l’IGN, restent marqués par « la situation de transition » que connaît la forêt de France métropolitaine depuis plus d’un siècle. Et, d’après l’IGN, « le devenir de cette transition reste imprévisible », qu’il s’agisse de l’évolution de la déprise agricole, induisant un accroissement des surfaces de forêts, ou des effets du changement climatique.

• Les forêts occupent 16,8 millions d’hectares. Elles se constituent à 75 % de propriétés privées, avec 3,3 millions de propriétaires, d’après l’IGN. En surface, près de la moitié de la forêt privée se compose de propriétés de 25 hectares ou plus, détenues par 2 % des forestiers privés.

• Les documents de gestion durable couvrent près de 7,9 millions d’hectares (en 2018). Les forêts dotées d’une certification (PEFC, FSC), à 5,6 millions d’hectares (70 000 propriétaires), fournissent 21 millions de m3 de bois par an, soit 55 % de la récolte totale commercialisée.

Surfaces forestières et volume de bois sur pied en hausse

• La forêt a connu une expansion nette de près de 3 millions d’hectares entre 1981 et 2015. Les surfaces de feuillus, déjà majoritaires, gagnent du terrain, tandis que celles de résineux tendent à se stabiliser. « Le peuplier cultivé est la seule essence feuillue en baisse », note l’IGN.

• Les plantations forestières constituent une part minoritaire, soit 2,1 millions d’hectares estimés. Sont « fortement présents sous forme de plantations », le peuplier et le douglas. Le massif landais aussi se distingue, avec ses plantations de pin maritime.

Le volume de bois sur pied atteint 2,7 milliards de m3 en 2015 (sans compter les branches). Il a augmenté de 60 % en 35 ans, en particulier parmi les feuillus et les forêts privées. Ce gonflement découle de l’extension des surfaces forestières et d’une capitalisation des peuplements existants. Le volume de bois par hectare est passé de 129 m3 dans les années 1980 à 171 m3 aujourd’hui en moyenne. La part des gros et très gros bois progresse. Pour les chênes pédonculé et rouvre, « le volume dans les plus petits diamètres a tendance à stagner, ce qui mérite une attention particulière pour le renouvellement de la ressource », alerte l’IGN.

• En moyenne, 60 % du bois produit par la croissance des arbres est coupé. La récolte totale de bois avoisine les 56 millions de m3 en 2018, pour 2,8 milliards d’euros, soit en moyenne 50 euros le m3. Les quantités de bois autoconsommé restent délicates à évaluer.

• Les produits commercialisés autres que le bois (ou non ligneux) s’évaluent à quelque 500 millions d’euros par an (venaison, liège, truffes, graines et plants forestiers, miel), contre 110 millions d’euros par an pour les recettes annuelles des locations de chasse.

• Sur la contribution des écosystèmes forestiers et de la filière forêt-bois à l’atténuation de l’effet de serre, lire la tribune parue dans L’Agora de Forestopic : Face au changement climatique, la forêt, le carbone… et l’humain!

Les forêts face aux sécheresses et autres ravageurs

Les dégâts dus aux sécheresses et aux canicules estivales s’accroissent. Cela vaut en particulier pour le bouleau, le charme, le châtaignier, le hêtre, le douglas, et, dans une moindre mesure, pour les chênes rouvre et pédonculé.

Maladies et insectes exposent la forêt à des menaces, en présence de la chalarose du frêne, de la pyrale du buis, des scolytes de l’épicéa. La processionnaire du pin avance vers le nord. Le châtaignier, déjà touché notamment par la maladie de l’encre, paraît plus vulnérable que d’autres au déficit foliaire, soit un manque de feuilles par rapport à un arbre en bonne santé.

• « Les surfaces parcourues par les incendies indiquent de fortes variations interannuelles liées essentiellement aux conditions climatiques estivales. Depuis 2003, les surfaces incendiées comptabilisées chaque année restent faibles, à l’exception de 2017 où elles ont dépassé les 10 000 hectares », observe l’IGN.

• Les « prélèvements par la chasse » des ongulés sauvages (cerf, chevreuil, sanglier) augmentent, mais ne suffisent pas à en stabiliser les populations, en croissance, et qui mettent en bascule l’équilibre forêt-gibier (sylvo-cynégétique).

• Côté biodiversité, un peuplement forestier renferme en moyenne cinq essences d’arbres différentes. « Cette richesse est en légère augmentation entre 2008 et 2015 », remarque l’IGN.

• Les IGD 2020 contiennent des données économiques qui complètent celles de France Bois Forêt (avec un périmètre différent). L’IGN a calculé que la production du secteur forêt-bois-papier-ameublement représente 40 milliards d’euros, tandis que sa valeur ajoutée, en progression de 1 % par an, surpasse les 13 milliards d’euros (en 2017). Le déficit commercial de la filière bois hexagonale, persistant, équivaut à un volume négatif de 8,8 millions de m3 d’équivalent-bois ronds.

C. C./Forestopic

* Les IGD sont établis par l’IGN pour le compte du ministère français de l’Agriculture, avec la participation d’Ecofor et Inrae-AgroParisTech (Beta), et nombre de contributeurs.

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