Recrutement: comment trouver les perles rares de la filière bois

« Mur de l’emploi » au salon Eurobois 2020 à Lyon (crédit photo: CC/Forestopic)
« Mur de l’emploi » au salon Eurobois 2020 à Lyon (crédit photo: CC/Forestopic)
Recrutement: comment trouver les perles rares de la filière bois

La filière bois recrute, mais ses métiers sont en tension. Pour trouver de nouvelles recrues, des entreprises rivalisent d’ingéniosité. Dans l’art de la mise en relation, la formation peut aussi créer un effet de levier personnalisable.

 

Quand le « bon » candidat à l’embauche rencontre la « bonne » entreprise, c’est le sésame qui peut résoudre les difficultés de recrutement dans la filière bois, en s’agrémentant si besoin de compléments de formation.

Le charpentier bois figure dans le top 10 des métiers qui rencontrent le plus de difficulté à recruter. Ce n’est pas le seul, les métiers en tension se retrouvent dans l’ensemble du secteur.


Métier Projets de recrutement Difficultés à recruter
Charpentiers (bois) 2180 82,60 %
Ouvriers qualifiés du travail du bois et de l'ameublement 2190 74,40 %
Ouvriers qualifiés des industries lourdes du bois et de la fabrication de papier-carton 900 68,90 %
Techniciens et agents de maîtrise des matériaux souples, du bois et des industries graphiques 540 64,80 %
Conducteurs d’engins agricoles ou forestiers 8520 61,90 %
Bûcherons, sylviculteurs salariés et agents forestiers 3980 60,30 %
Ouvriers non qualifiés du travail du bois et de l'ameublement 2990 56,50 %
Architectes 2910 50,90 %
Ouvriers non qualifiés du papier-carton et du bois 1860 43,50 %

Données Pôle Emploi 2019


Les rendez-vous professionnels s’emparent de la thématique. Le salon Eurobois a ouvert, pour son édition 2020, un espace dédié à la formation et à l’emploi. Ce lieu d’échanges s’est aussi paré d’un « Mur de l’emploi » affichant des petites annonces.

La Fédération nationale des entrepreneurs des territoires (FNEDT) prévoit de braquer le projecteur sur le recrutement, la formation et la gestion du personnel, notamment pour les bûcherons.

Recruter avec les réseaux sociaux numériques

Pour trouver les perles rares, des entreprises rivalisent d’ingéniosité. LCA Construction Bois (Les Charpentiers de l’Atlantique) a réalisé une vidéo humoristique inspirée d’une série télévisée, pour faire passer le message selon lequel « LCA recrute », diffusé sur les réseaux sociaux numériques.

Pour la scierie Blanc, il a suffi d’un message, posté lui aussi sur ces réseaux sociaux, et signalant que l’entreprise recherche des candidats. Quentin Blanc, l’un de ses responsables, témoigne :

« En faisant appel à Pôle Emploi et aux agences d’intérim, nous n’avons trouvé personne. Sur Facebook, nous avons reçu 30 CV pour un cariste, un opérateur de rabotage et un électromécanicien de maintenance. »

Des journées portes ouvertes pour les candidats

D’autres misent sur les rencontres physiques. Ainsi, le 18 mars 2020, les tonnelleries françaises ouvrent leurs portes aux demandeurs d’emploi, aux personnes en reconversion professionnelle, « ainsi qu’à tous les jeunes qui s’interrogent sur leur orientation, qu’ils soient déjà amoureux du bois et du vin, ou qu’ils aspirent à le devenir ».

Centre de formation et certificat de qualification

Et quand cela ne suffit pas, la formation vient faire mieux correspondre les candidats avec les compétences recherchées. Comme dans la filiale française du groupe autrichien Felder, fabricant de machines à bois pour menuisiers, ébénistes, charpentiers, agenceurs. Chez l’équipementier, les commerciaux doivent disposer de connaissances techniques. Et les électromécaniciens doivent être en mesure de communiquer, en anglais, avec l’usine autrichienne du groupe. Alors, Felder a ouvert son propre centre de formation, en 2016, à Saint-Quentin-Fallavier (Auvergne-Rhône-Alpes), où se trouve son siège social français. Yoann Baguet, directeur général de Felder France, présente la démarche de formation, à la fois théorique et pratique :

« Nous avons une salle de formation et d’exposition où les machines servent notamment pour des jeux de rôle. Nous dispensons un cursus d’environ 12 mois, avec des formations et l’accompagnement par un référent. »

Le coût ? Entre 15 000 et 20 000 euros pour former un technicien, sans compter son salaire. L’entreprise travaille à faire reconnaître ses formations, au titre des certificats de qualification paritaire de la métallurgie (CQPM).

Felder rassemble aujourd’hui une cinquantaine de collaborateurs et estime ses besoins en recrutement à 30 postes dans les 4 ans à venir.

Mises en relation et formations sur mesure

La Fédération nationale du bois (FNB) opte pour la mutualisation des mises en relation et la formation, via un partenariat avec Opcalia, organisme paritaire agréé « opérateur de compétences » (OPCO). Michel Astier, responsable des affaires sociales de la FNB, détaille :

« Nous avons mené une première initiative pour identifier des jeunes employables. Opcalia dispose de bases de données qui permettent de visualiser et de mettre en relation les jeunes en recherche d’emploi et leurs compétences avec les postes à pourvoir. »

Une fois la mise en relation faite, l’OPCO propose des modules complémentaires de formation sur mesure pour le jeune, afin qu’il réponde aux compétences recherchées par l’entreprise.

Au bout de 2 ans, l’initiative a donné lieu à 300 embauches. Ainsi, 72 % des contrats de professionnalisation ont débouché sur des CDI, alors que le taux moyen se cantonne à 25 %, selon la FNB. La fédération projette de répliquer ce programme pour les seniors en reconversion professionnelle.

Formations rémunérées, observatoire, programme interentreprises

Les interprofessions régionales de la forêt et du bois s’y mettent aussi. Fibois Auvergne-Rhône-Alpes a déployé une formation rémunérée aux métiers du sciage, durant 4 mois en 2019, avec des financements de la région, en vue de faciliter le recrutement dans les scieries du territoire.

Fibois Grand Est porte un projet d’observatoire de l’emploi et des compétences, partie prenante du dispositif « Des hommes et des arbres ». De plus, un programme interentreprises « Gestion prévisionnelle territoriale des emplois et des compétences » associe l’interprofession et les maisons de l’emploi.

Les recrutements ne semblent pas prêts de se tarir. La Fédération nationale du bois (FNB) estime que 5 000 postes sont à pourvoir dans les 5 ans à venir, sur un effectif total estimé de 40 000 salariés dans le travail mécanique du bois, et ce, pour le seul remplacement des départs en retraite.

Chrystelle Carroy/Forestopic

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