Export des grumes: la Chine à la rescousse?

Chargement de grumes en conteneur, SARL Guilmin
Chargement de grumes en conteneur (crédit photo: SARL Guilmin)
Export des grumes: la Chine à la rescousse?

Le Syndicat de la filière bois (SFB) tance le ministre français de l’Agriculture de solliciter Pékin, en vue de l’homologation du traitement des grumes à 56 °C… et écrit à l’ambassadeur de Chine.

 

Le traitement thermique à 56 °C, une solution pour l’export des grumes ? Au préalable, cette méthode phytosanitaire doit, entre autres, être homologuée par le pays de destination. D’où le courrier du 18 juillet 2016, adressé par le Syndicat de la filière bois (SFB) à Stéphane Le Foll, ministre français de l’Agriculture et de la Forêt.

Il y a urgence aux yeux du SFB. Le syndicat professionnel s’adresse au ministre en ces termes :

« Devant l’urgence et la gravité de la situation, et la montée en Chine d’un fort mécontentement devant l’absurdité d’une situation qui les prive d’un approvisionnement en bois important, nous en appelons à votre sens des responsabilités afin que vous interveniez sans tarder auprès de votre homologue chinois pour faire homologuer le protocole phyto-thermique à 56 ° sous écorce. »

Une démarche soutenue par 25 parlementaires

Le SFB réitère, de plus, sa demande de mesures dérogatoires, le temps de rendre le traitement thermique opérationnel, une fois que le protocole en sera validé.

Dans sa démarche, le SFB assure disposer du soutien de 25 parlementaires. Il s’alarme des conséquences socio-économiques des nouvelles instructions sanitaires qui, selon lui, reviennent à stopper net l’exportation de cette matière première. Par exemple, le port de Brest nous précise que les chargements de conteneurs sont à l’arrêt, pour les grumes, depuis juin 2016. Quant au SFB, il vient de lancer une action en justice contre les prescriptions gouvernementales.

L’Inde, prise en exemple

Le syndicat plaide pour le procédé thermique à 56 °C, soit moins que les 71,1 °C aujourd’hui autorisés par la Chine, consommateur de premier plan. En effet, à 15 °C de plus, les 71,1 °C engendrent des coûts accrus, sans que la chaleur ne se diffuse nécessairement de manière uniforme sous l’écorce. Or, 56 °C suffisent à éradiquer les éventuels insectes, dixit le SFB. Ce dernier s’appuie, pour cela, sur la norme internationale NIMP 15, dédiée aux emballages à base de bois, mais acceptée par l’Inde pour les grumes.

Le SFB s’est aussi adressé à l’ambassadeur de Chine en France, Jun Zhai, dans l’idée de voir Pékin donner son feu vert au procédé à 56 °C.

Complément d'info :
Le courrier du SFB au ministre Stéphane Le Foll (pdf) ;
Le courrier du SFB à l’ambassadeur de Chine, Jun Zhai (pdf).

L’exportation est censée se cantonner aux bois ronds de qualité secondaire, délaissés par le marché français. C’est surtout le chêne qui fait débat. Selon les chiffres du commerce extérieur, les exportations françaises de grumes de chêne ont quasi triplé en mètres cubes entre 2014 et 2015, et s’élèvent à 1,4 million de m3 en 2015. Mais sur la période, elles ont légèrement diminué en masse pour s’établir à 317 000 tonnes, à une valeur de 47,8 millions d’euros. Toutes essences confondues, de l’ordre de 6 % des grumes produites en France partent à l’export.

Chrystelle Carroy/Forestopic

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